Ce projet de loi, ironiquement appelé « modernisation » du régime de santé et sécurité du travail, nous ramènerait en fait 40 ans en arrière. Pour avoir vécu les épreuves que doivent subir les travailleuses et travailleurs accidentés ou malades pour faire reconnaître leurs droits par la CNESST, je ne peux que trembler en imaginant ce qu’il adviendra pour les prochaines victimes.
Le régime actuel est déjà une course à obstacles pour les personnes qui ont besoin de traitements ou d’indemnités suite à une blessure ou une maladie du travail. Loin d’améliorer les choses, la réforme du ministre Boulet limitera la reconnaissance de plusieurs maladies du travail, comme la surdité ou les cancers professionnels. Elle réduira l’accès aux soins et le droit à la réadaptation des victimes handicapées par leur accident ou leur maladie. Bref, le projet de loi diminue les possibilités de réparer les lésions causées par le travail et d’obtenir une compensation pour leurs conséquences.
Si l’adoption du projet de loi permettra aux employeurs de faire des économies, les travailleuses et travailleurs, dont les droits seront bafoués, ne seront pas magiquement guéris pour autant. Leur blessure ou leur maladie continuera de les handicaper, n’en déplaise à la CNESST. Faute de reconnaissance et d’accès aux traitements et aux indemnités, les victimes seront forcées de se tourner vers les régimes publics, tels que l’aide sociale, pour survivre.
Comme travailleuses et travailleurs, nous devons dénoncer haut et fort ce projet de loi qui constitue une grave menace à nos droits et à notre santé. Si le Québec est ce qu’il est aujourd’hui, c’est grâce à notre labeur et cela mérite une protection et une reconnaissance digne de ce nom.
Les victimes d’accidents et de maladies du travail ne méritent pas d’être sacrifiées. Nous méritons un régime de réparation des lésions professionnelles permettant de guérir et de compenser les blessures et maladies causées par le travail. Pour ces raisons, le projet de loi 59 du ministre Boulet doit être abandonné.
Dunia Hurtarte, victime d’une lésion professionnelle
MOTS-CLÉS
projet de loi 59