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Le SEBL demande à Québec de réviser son plan de francisation

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Le SEBL demande à Québec de réviser son plan de francisation

Publié le 23/10/2024

Inquiet de la récente annulation des classes de francisation dans la région, le Syndicat de l'enseignement des Basses-Laurentides demande au gouvernement Legault de revoir ses règles budgétaires afin de ne pas pénaliser le nombre croissant d’immigrants souhaitant faire l’apprentissage du français.

Dans un entretien avec le Nord Info, Dominique Sauvé et Isabelle Dallaire, respectivement présidente et vice-présidente du SEBL, déplorent d’entrée de jeu les 27 postes d’enseignants ayant été coupés dans le cadre de la décision du CSSMI de fermer les 13 classes de francisation sur le territoire des Basses-Laurentides, soit six classes à Sainte-Thérèse et sept, à Saint-Eustache.

Selon Mme Sauvé, la surprise a été totale pour ces enseignants, qui venaient de choisir, dix jours auparavant, leurs groupes, pour lesquels on leur avait accordé un poste à temps plein pour l’année scolaire démarrant en septembre 2024. Le 16 août, voilà que les 27 enseignants de francisation apprennent la coupure de leur poste.

Si la plupart d’entre eux ont accepté de se tourner vers l’enseignement au primaire ou au secondaire, dix d’entre eux ont dû se tourner vers un autre type de tâches.

Décision irrecevable

Mais ce n’est pas ce qui choque le SEBL. « Pour nous, la problématique n’est pas tant que des enseignants ont perdu leur poste, mais qu’on se retrouve avec une décision gouvernementale et plein d’immigrants qui ne pourront pas apprendre le français », clame la présidente du Syndicat des enseignants des Basses-Laurentides.

« Ces gens-là avaient entrepris des démarches avec un projet de vie, un projet d’apprendre un métier en vue de s’installer au Québec », explique-t-elle.

« On envoie les immigrants en région où il y a des besoins en main-d’œuvre et on ne leur donne pas les moyens de s’intégrer.  C’est ce qui inquiète les enseignants », martèle Mme Sauvé.

Celle-ci insiste sur le fait qu’il y avait au moins 250 noms sur la liste d’immigrants s’étant inscrit à l’une des classes en francisation et à temps plein.

Financement inadéquat

Évidemment que la question du financement est au cœur de la décision gouvernementale, souligne Mme Sauvé.

C’est que le financement n’a pas été à la hauteur des attentes et des besoins pour le maintien des classes. Les règles budgétaires ont été imposées en fonction du pourcentage de l’offre de services en francisation, basée sur l’année 2020-2021, selon ce qu’explique la présidente du SEBL.

Or, l’offre en francisation dans les Basses-Laurentides est toute récente. « En 2020-21, on avait deux enseignants pour une demie année. Avant, on n’en avait pas de classes de francisation. Et à partir de là (après 2021), on a eu 27 enseignants. »

Cette multiplication de classes en francisation a été faite en partenariat avec l’organisme ABL, un travail conjoint, souligne Dominique Sauvé.

Car certains organismes dispensent également des cours de français langue seconde. « Ce qu’on a compris dans nos discussions avec les organismes, c’est que ce ne sont pas les mêmes services et ils n’ont pas de gros moyens. Les organismes font ce qu’ils peuvent. »

Confusion du message

Ce qui revient à confirmer l’importance que le MIFI finance adéquatement les classes de francisation. Et il faut savoir que le ministère de l’Éducation dispense les services d’éducation mais que le financement de la francisation relève du MIFI.

Dans une entrevue qu’il a accordé à Patrick Lagacé le 19 septembre dernier, Jean-François Roberge, nouvellement ministre du MIFI, a affirmé que les budgets alloués pour la rentrée 2024 sont les mêmes que l’an dernier. Et Dominique Sauvé s’est étonnée d’entendre cela. « Alors comment ça se fait que le CSSMI doit composer avec moins d’argent ? », se demande Mme Sauvé.

Celle-ci rappelle que les classes à Sainte-Thérèse n’ont pourtant ouvert l’an dernier, en complément au Centre de formation continu des Patriotes, à Saint-Eustache.

Les syndicalistes se demandent comment une telle situation est possible. « On avait les ressources, les locaux ainsi que l’expertise et les enseignants pour accueillir ces étudiants. Et on a prévu ça en août. »

Et puis, les deux syndicalistes reprochent au MIFI la discordance de son discours dans le contexte des coupures actuelles. « Y’a un beau plan stratégique (du ministère de l’immigration) y’a plein de beaux enjeux où le ministre nous parle d’envoyer les immigrants là où y’a des besoins », conclut Mme Sauvé.