C’est pourtant ce à quoi ressemble, depuis 2016, le quotidien de cet ancien planificateur financier qui, à l’automne 2003, lorsqu’il est allé visiter une résidence aux abords du lac des Deux Montagnes, en prévision justement de sa retraite, a plutôt été séduit par un verger qui était à vendre le long de l’autoroute 640, à Saint-Joseph-du-Lac.
«Nous avions déjà un terrain au lac Mégantic où nous envisagions construire une maison. Mais, c’était quand même à trois heures de route de Montréal, où j’habitais alors, et avons plutôt décidé, ma femme et moi, de vendre et d’acheter un terrain ici dans la région. Donc, en 2003, nous sommes allés visiter la maison sur le bord du lac des Deux Montagnes. Ce n’était finalement pas intéressant. J’avais vu, depuis l’autoroute cette pancarte annonçant un verger à vendre. Au retour, j’ai décidé d’arrêter et d’aller voir ce verger. Le propriétaire nous a fait visiter. C’était un terrain d’un million et 200 pieds carrés; il y avait déjà une maison sur le terrain. Le terrain m’intéressait, et je me disais, des pommes, ça pousse tout seul» , se remémore M. Parent.
Une réalité tout autre
Mais, ce dernier est vite ramené à la réalité. «C’était beaucoup d’ouvrage, et ce n’était pas payant. Je me suis mis à analyser et à regarder ce qui se faisait ailleurs. J’ai beaucoup voyagé en Europe et j’y ai constaté que tous les vergers étaient rendus au modèle haute densité. En 2006, j’ai tout arraché, installé des drains et en 2008, nous avons commencé à planter nos premiers pommiers nains que nous avions commandés deux ans auparavant. Depuis, on en plante chaque année» , raconte celui qui travaillait toujours, à ce moment, à temps plein, comme planificateur financier, au sein de son propre cabinet et avec une équipe de 60 représentants dans le centre-ville de Montréal.
Aujourd’hui, le Verger des Grands-Parents SENC, lauréat de l’Ordre du mérite agricole au niveau régional en 2013 (bronze) et 2018 (argent), compte 17 000 pommiers nains, qui permettent, une fois plantés, une récolte cinq ans plus tard. Au cours des deux prochaines, M. Parent prévoit en ajouter 6 000 autres. On y retrouve exclusivement des pommes rouges, comme des Royal Cort, Spartan, Empire, et pour la moitié du verger, de la Honey Crisp.
Des pommes marquées au laser
Au verger se greffe une entreprise appelée Pommes Marquées [http://www.pommesmarquees.ca] pour la distribution qui se spécialise notamment dans la personnalisation des pommes, grâce à un marquage au laser, une technologie développée en Autriche. Grâce à celle-ci, on peut reproduire des dessins de tous genres sur les pommes, logos, noms des mariés ou toutes autres inscriptions. Les pommes deviennent ainsi des objets promotionnels «santé» pour des évènements, mariages ou activités de financement dans les écoles en remplacement des traditionnelles barres de chocolat.
Aussi, M. Parent propose un programme santé aux entreprises qui bénéficient d’un mini réfrigérateur rempli de pommes destinées à leurs employés. En mars dernier, 34 entreprises y avaient adhéré et aujourd’hui, on en dénombre 115.
Une nouvelle mission à mener
Âgé de 70 ans, M. Parent, qui est copropriétaire des entreprises avec son frère Roch, se plaît dans sa nouvelle vie de retraité pour le moins active. Surtout que les membres de sa famille y œuvrent, comme ses deux filles, Claudia et Nathalie, sa nouvelle conjointe Germaine, son ex-femme Sharon, ainsi que les trois fils de son frère Roch.
Malgré qu’il soit retraité, M. Parent peut toujours entretenir cette passion qu’il a toujours eue pour l’entrepreneuriat, se rappelant que jeune, il allait de porte en porte vendre les tabliers que sa mère confectionnait. «J’ai toujours aimé la vente. C’est pourquoi, ma tâche consiste à développer des réseaux de vente, alors que mon frère s’occupe de tout l’aspect agricole» , de dire M. Parent, également fier du nouvel entrepôt, construit au coût de 14 M$.
Surtout, ce projet de retraite en est devenu un à léguer éventuellement à ses filles et petits-fils s’ils le veulent bien. «C’est sûr que je pourrais me la couler douce, mais mon plaisir, c’est de construire, d’innover. J’ai ça dans l’âme. Ma mission, maintenant, c’est de montrer à mes filles et aux enfants de mon frère ce que c’est que de monter une «business» , avec toutes les difficultés qui peuvent survenir. Ce n’est pas toujours rose. Moi, je me vois faire cela jusqu’à mon décès. J’aime ce que je fais. Moi, aller en Floride l’hiver, ça ne m’intéresse même pas. Pour moi, ce n’est pas cela la retraite» , de conclure un entrepreneur bien heureux de sa situation.
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