Tout ce que l’on sait pour le moment, c’est que la multinationale souhaite rajuster la taille de son équipe centrale d’ingénierie aéronautique, concentrée dans la région de Montréal, et redéployer les membres-clés de cette équipe dans d’autres secteurs d’activité, pour la majorité dans sa division «Avions d’affaires». Pour le reste des emplois, rien n’a été précisé, notamment pour Mirabel où l’on assemble les jets régionaux CRJ Series pouvant accueillir entre 78 et 104 passagers, selon le modèle. En incluant les employés affectés aux avions A200 d’Airbus, ce sont environ 2 400 employés qui œuvrent à Mirabel dans les installations de Bombardier.
Générer plus de profits
Cette restructuration est motivée, selon le communiqué de presse émis jeudi dernier, à l’occasion de la publication des résultats du troisième trimestre, par la volonté de Bombardier de générer plus de profits.
Ces compressions entraîneront, de façon globale, une réduction d’environ 5 000 postes à l’échelle de l’entreprise au cours des 12 à 18 prochains mois, et donneront lieu à des économies annuelles d’environ 250 millions de dollars lorsque la réduction aura été totalement réalisée, ce qui devrait se concrétiser d’ici 2021. Bombardier a aussi dégagé une marge financière de 900 M$ en vendant des actifs «non stratégiques», dont le programme d’avions Q Series.
«Avec les annonces d’aujourd’hui, nous mettons en œuvre les prochaines mesures nécessaires pour concrétiser la pleine valeur du portefeuille de Bombardier. […] Je suis très fier de ce que nous avons accompli jusqu’ici, et je suis très enthousiaste face à notre avenir», a déclaré, dans ce même communiqué de presse, Alain Bellemare, président et chef de la direction de Bombardier.
Surprise chez les syndiqués
La nouvelle a évidemment pris par surprise le coordonnateur québécois de l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA), David Chartrand, qui représente, au total, 4 500 travailleurs, dont environ 1 375 à Mirabel même (275 pour le CRJ et 1 100 pour le A220).
«On ne s’y attendait pas, je l’avoue. On s’attendait à un certain répit. Les résultats financiers vont de mieux en mieux. Il y a eu la vente du CSeries. Je vous dirais que la majorité des employés ne s’attendaient pas à ce qu’il y ait ce matin 5 000 employés licenciés, dont 2 500 au Québec», a commenté, M. Chartrand, en entrevue avec votre hebdo L’ÉVEIL.
Ce dernier n’adhère pas vraiment à la thèse de Bombardier qui dit vouloir générer plus de profits avec cette restructuration. Il voit plutôt un pas de plus de Bombardier en vue de délaisser ses avions commerciaux, dont font partie les CRJ, pour se concentrer sur ses avions d’affaires et sa division ferroviaire. «Ça commence à devenir de plus en plus évident et inquiétant», a laissé tomber M. Chartrand.
Le coordonnateur croit surtout que Bombardier laisse planer l’incertitude sur l’ensemble des 15 000 employés que compte sa division aéronautique. «Même si on parle de relocaliser des employés, on ne sait pas qui, où, comment et quand, car ce sera sur une période de 15 à 18 ans. On peut imaginer la frustration des employés aujourd’hui, à la veille du temps des Fêtes. Et personne n’est vraiment intéressé à la perspective d’aller travailler ailleurs, de quitter un milieu et des compagnons de travail. Ce n’est jamais rose comme situation», d’indiquer M. Chartrand.
Enfin, le coordonnateur a tenu à préciser que les travailleurs syndiqués qui seront mis à pied par Bombardier auront une priorité d’embauche chez Airbus en vertu de l’entente de réciprocité conclue en mai dernier lors de la vente de la CSeries.
Cependant, celui-ci garde surtout espoir qu’aucun emploi, même ceux non syndiqués, ne soit perdu au bout du processus.
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