Huit ans après sa pièce En cas de pluie, aucun remboursement, le dramaturge Simon Boudreault fait renaitre l’univers du Royaume du Super Fun, un parc d’attraction désuet où travaillent des énergumènes aux problèmes surdimensionnés. Le Nord Info s’est entretenu avec les comédiens tout juste avant la première de Grandeur minimale requise au Centre de création de Boisbriand, où elle sera présentée par le Petit Théâtre du Nord tout l’été.
L’auteur nous dévoile de nouveaux personnages caricaturaux, comme Elizabeth La Douée et Thibault Junior Lajeunesse, respectivement interprétés par Sarah Cloutier Labbé et Jérémie St-Cyr.
« [Ils] vivent des enjeux tellement shakespeariens, mais ils sont en train de manger de la barbe à papa ou des popsicles », illustre ce dernier.
En effet, l’humour absurde de Simon Boudreault atteint un niveau « très particulier » selon Sébastien Gauthier, directeur artistique du Petit Théâtre du Nord figurant également dans le casting de Grandeur minimale requise. Il joue le rôle de François Le Bel, un surveillant-sauveteur trentagénaire aux ambitions défaites.
« Il y a de longues phrases, de longues tirades. Ça fait des grandes envolées lyriques, mais en même temps, c’est niaiseux », explique Sébastien Gauthier.
Les sujets existentiels abordés comme le pouvoir, la manipulation et la confiance peuvent ainsi se mouler à des schémas gouvernementaux actuels, résultant du génie de Simon Boudreault, d’après les comédiens.
« Ce que je trouve comique, c’est de parler d’enjeux sérieux, mais dans le contexte du monde du divertissement, intervient le dramaturge. Ça crée un décalage propice au rire. »
Immersion au Royaume du super fun
Si plusieurs subtilités du texte visent un auditoire adulte, le côté ludique des scènes fait en sorte que la pièce convient aussi aux enfants, indique Sarah Cloutier Labbé. Les accessoires colorés captent l’imaginaire et orientent le spectateur dans les différents manèges et kiosques du parc, alors que le tout est joué sous une structure dont les barreaux évoquent à la fois les montagnes russes et l’échelle du pouvoir.
« On peut, au niveau de l’image, être assez intelligents pour transporter [les spectateurs] avec nous où on veut », affirme Sébastien Gauthier.
Il souligne d’ailleurs le travail de l’équipe de mise en scène, composée entre autres de Christophe St-Denis aux éclairages, Francis Farley aux décors, Laurianne Gagnon aux accessoires, Juliette Dubé-Tyler aux costumes et Larsen Lupin au son.
« Tout ce qui manque, c’est le public. »
Après plus de 150 heures de répétition, les acteurs sont impatients d’offrir le monde qu’ils ont bâti à un regard extérieur.
« Je suis vraiment excitée et j’ai hâte d’avoir le public, d’avoir le retour, confie Sarah Cloutier Labbé. On est rendus à lâcher prise. »
Sébastien Gauthier, quant à lui, compare les premières représentations au fait de se lancer dans le vide sans savoir ce qu’il y a en bas.
« C’est un vertige qui est hallucinant, parce qu’il n’a jamais été éprouvé, ce texte-là. »
Il croit toutefois qu’ils ont lieu d’être optimistes face à réception de la pièce, la chimie qui unit le groupe leur laissant un bon présentiment.
« Un spectacle, c’est une communion entre des êtres humains, entre des acteurs qui viennent ensemble, lance-t-il. Pour que tout ça marche, ça prend cette communion-là. »
« On est tellement reconnaissants […] d’avoir la chance de faire ça cet été, avec une belle gang, ajoute Jérémie St-Cyr. On a hâte de vous faire rire. »
Grandeur minimale requise restera à l’affiche au Centre de création de Boisbriand jusqu’au 26 août. Les billets sont disponibles en ligne.
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