Peu le savent, mais la contrebande de tabac continue d’être un fléau important au Canada et plus particulièrement au Québec, constituant ainsi une source importante de revenus pour les groupes criminels organisés. Au début d’août, Michel Rouillard, porte-parole de la Coalition nationale contre le tabac de contrebande, a visité les Basses-Laurentides pour adresser cette problématique.
«La contrebande de tabac est une sérieuse problématique de sécurité publique, de santé publique et de finances publiques. Des groupes criminels organisés sont très souvent derrière les réseaux de vente de cigarettes illégales» , soutient Michel Rouillard, qui estime à deux milliards de dollars annuellement les sommes perdues par le gouvernement fédéral en taxes non payées.
«Nous ne voulons pas nous mêler de l’enjeu qui oppose les administrations de la Ville d’Oka et le Conseil mohawk, de Kanesatake, toutefois, tous sont d’accord pour dire que les cabanes à cigarettes illégales sont un vrai phénomène» .
Tandis que le Québec fait bonne figure depuis 2009 à titre de chef de file dans la lutte à la contrebande de tabac, ses bons coups sont minés par les moins bons coups de ses partenaires canadiens, d’ajouter M. Rouillard. Ce dernier cite notamment en exemple de ces «moins bons coups» , «l’absence notée du gouvernement fédéral dans le dossier de la contrebande de cigarettes» .
Un visage qui change
Le visage de la contrebande de tabac a bien changé depuis les dernières décennies. Tandis qu’il fut un temps où le consommateur se procurait un sac contenant 200 cigarettes illégales, très reconnaissables et vendues dans des cabanes sur le bord de la route, la contrebande de tabac est devenue, au fil du temps, beaucoup plus sophistiquée, selon le porte-parole de la Coalition nationale contre le tabac de contrebande.
«Elle se commercialise aujourd’hui, dit-il, dans des paquets qui simulent en tous points les emballages neutres et uniformes sans marque requis par les lois canadiennes en matière de tabac. Sans le vouloir, on a rendu la contrebande indifférenciable des cigarettes légalement vendues à travers les réseaux établis par la loi et dont les contrôles fiscaux et réglementaires sont très rigoureux» .
La Gendarmerie royale canadienne (GRC) estime que 175 groupes criminels organisés sont impliqués dans ce commerce illégal. De plus, on estime que les gouvernements du Canada perdent plus de 2 milliards de dollars en recettes fiscales. Plusieurs saisies récentes de contrebande de tabac ont révélé que les contrebandiers font également dans la cocaïne, les méthamphétamines, le fentanyl et très souvent des armes à feu prohibées.
L’Ontario et le Québec sont par ailleurs les deux seules provinces où les cigarettes illégales sont fabriquées dans des fabriques clandestines. La GRC estime que le Canada compte plus de 50 usines de fabrication de cigarettes illégales situées dans des réserves des Premières nations.
Pour en apprendre davantage: info@stopcontrabandtobacco.ca.
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