« Au départ, cela ne pouvait pas être un échec, c’est cela que je voulais faire. Jusqu’à maintenant, c’est une réussite. C’est l’aide directe que je souhaitais apporter et j’en suis très fier. Quand je décide de faire quelque chose, j’y vais jusqu’au bout. Je ne change pas d’idée. Je suis comme ça », relate l’homme de 68 ans en entrevue téléphonique, le jeudi 2 juin dernier, alors qu’il s’apprêtait à entreprendre la deuxième et dernière semaine de son périple dans la capitale polonaise.
Si l’idée de verser de l’argent à des causes locales et régionales ne lui a jamais posé de problème, lui qui a d’ailleurs déjà été impliqué dans différents organismes de son milieu, celle d’en faire autant à des organisations internationales est toute autre chose.
« Moi, ce que je voulais, c’est que cette aide aille directement à des réfugiés ukrainiens. J’ai bien analysé la situation et une fois ma décision prise, j’en ai discuté avec ma femme qui n’était nécessairement pas trop en accord au départ. Mais, elle savait que j’allais y aller de toute façon, alors… », de poursuivre M. Carrières.
Et c’est le départ…
En fait, c’est au début du mois d’avril que l’idée de se rendre directement en Pologne a germé dans sa tête après avoir été mis en contact, via le Web, et avoir établi une certaine confiance avec une famille ukrainienne réfugiée à Varsovie. Son idée était alors faite. C’est donc le 26 mai dernier qu’il s’est envolé, avec un seul sac à dos comme bagage, pour la Pologne pour atterrir à Varsovie le lendemain.
Sa première préoccupation a été d’aller rencontrer cette famille avec laquelle il avait échangé via le Web. Une fois, avec l’aide de Google Translator, la confiance établie, il est allé acheter avec les membres de celle-ci divers produits (shampoing, savon, couches et autres) pour 300 $ afin d’en répartir le tout dans 15 sacs qu’il a été finalement été en mesure de remettre à un organisme local qui distribuait déjà bénévolement, à la gare centrale de Varsovie, divers items aux réfugiés ukrainiens qui débarquaient des trains. D’autres sacs ont aussi été remis à des Ukrainiens déjà arrivés sur place. Il a aussi établi des contacts avec des familles ukrainiennes qui souhaitent s’installer au Québec pour les aider dans leurs démarches et a même songé à acheter des billets pour trois personnes pour qu’elles prennent l’avion avec lui pour le vol de retour. Mais, comme les billets auraient coûté 9 000 $, il a vite abandonné l’idée.
Bénévole dans un camp de réfugiés
Outre cette aide à la gare centrale de Varsovie, M. Carrières a passé un certain temps à trouver un camp de réfugiés où il pourrait donner un coup de main. Ce qu’il a finalement été en mesure de dénicher la journée du 2 juin. « Le camp se situe au nord du centre de la ville de Varsovie, dans un secteur industriel, à environ 10 km, soit 20 à 25 minutes en taxi ou à deux heures de marche si vous voulez. »
« Pour chacune de mes présences au camp, il m’a fallu une bonne dose de compréhension et d’écoute pour chacun des récits des occupants. Chacun d’eux a des photos de sa maison, de la garderie ou du magasin où il s’approvisionnait. Des photos avant et après les bombardements. Le plus difficile est de voir les larmes des mères qui ont laissé leurs plus vieux et leurs maris derrière eux, au combat », relate, dans un courriel reçu le mardi 7 juin, l’Eustachois qui a eu à effectuer différentes tâches les trois jours où il s’y est rendu. « J’ai adoré mon expérience », mentionne-t-il sans hésiter, ajoutant avoir été surpris de voir à quel point les Ukrainiens sont des « gens fiers et résilients ».
Continuer à aider
Tout ce périple, M. Carrières l’a payé avec son propre argent, mais aussi avec une partie des fonds qui ont été versés sur la plateforme GoFundMe [Https://gofund.me/cc992be9] qu’il a initiée avant son départ afin d’aider le plus de réfugiés ukrainiens possible. Il s’est fixé un objectif de 35 000 $ et avait amassé un peu moins de 2 000 $ en date du 7 juin.
« Dès mon retour, je veux continuer à aider cette famille de quatre personnes [une femme seule avec sa mère et ses deux jeunes enfants] que j’ai appris à connaître jusqu’à qu’elle puisse obtenir tous les documents pour venir s’installer au Québec. Je veux la parrainer et l’appuyer lorsqu’elle sera ici. Et si la campagne GoFundMe qui se poursuit va bien, oui, j’aimerais bien y retourner. Mais, on parle d’un montant de 3 000 $ », d’indiquer M. Carrières qui, sur sa page [www.facebook.com/martial.carrieres.5], a relaté avec humour au jour le jour son périple avec photos et vidéos.
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Martial Carrières