«Ils y brûlent des maisons démolies et du bardeau d’asphalte, entre autres. Ça sent toujours le vieux bois. Ils sont en train d’affecter la nappe phréatique. C’est dangereux pour notre santé» , a mentionné un résidant de ce secteur qui a préféré garder l’anonymat, de peur de représailles.
Même son de cloche du côté de cet autre citoyen, qui a aussi demandé à ne pas être identifié. Outre les odeurs, ce qui l’exaspère encore davantage, c’est le va-et-vient continuel qu’il est à même de constater sur le rang St-Jean, et ce, jour après jourdepuis deux ans et demi.
«On parle d’une dizaine de semi-remorques de 53 pieds à l’heure qui circulent à grande vitesse sur le rang St-Jean pour aller décharger leur contenu au centre de tri. Il y a des jours, on en a vu une centaine. Ça n’a pas de bon sens! Mais personne ne veut s’en mêler. Personne ne veut être à l’origine d’une autre crise d’Oka!»
Plusieurs plaintes
Ces citoyens ne sont pas les seuls à se plaindre. À la municipalité d’Oka, on confirme avoir reçu de nombreuses plaintes. Pas plus tard que le 16 mars dernier, «une citoyenne concernée» écrivait au maire d’Oka, Pascal Quevillon: «Savez-vous qu’il se trouve un lot sur le rang St-Jean qui accepte n’importe quelles cochonneries provenant de sites contaminés? »
La réponse à cette question est oui. D’ailleurs tous les maires concernés sont bien au fait de cette problématique qu’ils ont à maintes reprises tenté de signifier au ministère de l’Environnement, notamment, mais en vain.
Déjà, en mars 2015, lors d’une assemblée ordinaire de la MRC de Deux-Montagnes, les maires des six municipalités qui la composent s’entendaient pour affirmer, par résolution, l’importance d’exprimer aux autorités gouvernementales fédérales et provinciales, leurs «vives préoccupations» quant à l’exploitation de ce site situé «au cœur d’une zone agricole dynamique» . Trois ans plus tard, rien n’a changé.
G&R Recycling
L’entreprise en question se nomme G&R Recycling et s’affiche comme une entreprise de recyclage. Des témoins rencontrés ont toutefois indiqué «qu’il en rentre beaucoup plus qu’il en sort!» .
Autrefois situé sur le rang du Milieu, au cœur de Kanesatake, l’entreprise a été relocalisée sur le rang St-Jean, en 2015, après des pressions du grand chef du conseil mohawk de Kanesatake, Serge Otsi Simon (voir autre texte [www.leveil.com/actualites/une-situation-quil-faut-regler-au-plus-sacrant]), qui déplorait alors la présence des nombreux semi-remorques sur cette artère étroite, ce qui, nous a-t-il indiqué, mettait en danger la vie des membres de sa communauté.
Le 16 janvier 2017, dans une lettre acheminée à G&R Recycling par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, lettre signée de la main d’Éric Gauthier, chef d’équipe, on indiquait par ailleurs à l’entreprise avoir constaté «un manquement, lors d’une inspection réalisée le 19 décembre précédent» .
On reprochait alors à G&R Recycling de ne pas avoir respecté certaines conditions lors de la réalisation du projet, dont celle de respecter l’aire autorisée. L’entreprise avait jusqu’au 17 février 2017 pour se conformer sous peine de se voir imposé une amende de 2 500 $.
Nous avons communiqué avec le ministère pour savoir où on en était avec ce dossier. Au moment d’aller sous presse, personne ne nous avait encore rappelés. Pareil pour Robert Gabriel, l’un des propriétaires du centre de tri, que nous avons également tenté de joindre, en vain.
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