«La traite des personnes dans les Laurentides est un phénomène mal connu et difficile à mesurer. Les gens pensent souvent qu’elle se déroule seulement dans les grands centres urbains et pourtant, ce n’est pas le cas. Elle existe ici, dans les Laurentides», soutient la cofondatrice du Phare des AffranchiEs [un organisme de charité laurentien qui lutte contre la traite de personnes] et directrice de projet, Nathalie Khlat, reçue en entrevue, jeudi.
Bien placée pour commenter cette étude qui documente les réalités de la traite, du point de vue des personnes travaillant au sein d’organisations susceptibles d’être en contact avec les victimes, elle a bien voulu nous dresser un portrait de la situation.
«La traite de personnes prend plusieurs formes, d’indiquer Nathalie Khlat. Il s’agit de l’exploitation d’être humain. Celle dont on entend le plus parler est l’exploitation à des fins sexuelles, mais il existe aussi de l’exploitation à des fins de travail, telles la servitude domestique et la mendicité forcée. Il y a aussi le prélèvement d’organes et le mariage forcé.»
La fondatrice du Phare des AffranchiEs ajoute que l’objectif de l’étude réalisée était donc de mieux comprendre l’enjeu de la problématique de traite de personnes dans les Laurentides et de voir de quelle façon on intervenait lorsque confronté à celui-ci.
«Est-ce que les intervenants, les gens qui sont en contact dans le quotidien avec les victimes, sont outillés pour agir, pour les référer?».
En marge de cette étude, de nombreux intervenants des milieux policier, scolaire, hospitalier, communautaire, etc., susceptibles d’être en contact avec des victimes au cours des cinq dernières années ont été consultés afin de sonder leur compréhension du sujet. Des analyses quantitatives et qualitatives, de même que des groupes de discussions ont suivi pour en arriver aux résultats dévoilés.
Plusieurs défis
En plus de dresser un profil détaillé des victimes de traite de personnes dans les Laurentides, d’exposer leurs besoins, les services offerts, ainsi que le niveau de connaissance des personnes participantes sur l’enjeu en question, l’étude a également mis en lumière quelques défis.
Au nombre de ceux-ci, notons une grande méconnaissance de la problématique, un manque criant de formation, ainsi que des difficultés à identifier les besoins spécifiques des personnes en situation de traite. Plus plus de 40 % des participants ont en effet affirmé ne pas savoir où recommander les gens en cas d’inquiétudes ou ont préféré ne pas répondre à la question.
«Beaucoup d’intervenants se disaient dépourvus. Ce sont des chiffres inquiétants», insiste Mme Khlat, dirigeant en outre les gens qui pensent être victimes de traite de personnes vers le Phare des AffranchiEs où des services sont offerts. D’autres organisations et lignes d’écoute confidentielles sont mises à la disposition des victimes dans la région.
«Cette recherche nous permet d’affirmer haut et fort que des actions concrètes peuvent être faites par tous, que ce soit des élus, des responsables gouvernementaux, des gestionnaires, des intervenants ou même des citoyens, peu importe leur rôle, pour protéger davantage nos jeunes et moins jeunes», de conclure Nathalie Khlat.
Pour consulter l’étude, il suffit de visiter le [www.affranchies.ca].
MOTS-CLÉS
Cégep de Saint-Jérôme
Le Phare des affranchiEs
Nathalie Khlat
traite de personnes
exploitation sexuelle