L’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ) recommandera au gouvernement du Québec d’exiger le baccalauréat pour pratiquer la profession. Qu’adviendra-t-il du programme de soins infirmiers offert au niveau collégial? Les représentants des cégeps sont inquiets.
Président de l’OIIQ, Luc Mathieu se fait toutefois rassurant à leur égard, affirmant que le DEC en soins infirmiers demeurera, mais que les étudiantes devront poursuivre leurs études à l’université si elles souhaitent exercer le métier d’infirmière, sinon elles demeureront au grade d’auxiliaire.
« Le programme collégial fait partie de la solution. Il n’est pas en péril, mais pas du tout ! », insiste M. Mathieu, rappelant que la mission de l’OIIQ est de protéger le public en s’assurant de la compétence de ses membres. Or, selon ses dires, les étudiantes qui passent par le programme collégial pour accéder à la profession d’infirmière, ne sont pas autant outillées qu’une bachelière en sciences infirmières pour faire face aux problèmes qui pourraient survenir, dans les urgences notamment.
« Le problème, plaide-t-il, c’est que le DEC en soins infirmiers ne rend pas compétentes les infirmières dans toutes les connaissances de base. Ainsi, quand les nouvelles diplômées du cégep arrivent dans certains milieux cliniques où la situation est critique, tels les soins intensifs, l’urgence ou en traumatologie, elles n’ont pas développé certaines compétences, ce qui place le public dans une situation particulière. »
Luc Mathieu indique par ailleurs que plus de 60 % des étudiantes au DEC en soins infirmiers poursuivent leurs études vers le baccalauréat. Certaines le font, dit-il, lorsqu’elles se rendent compte par elles-mêmes qu’elles n’ont pas développé les compétences nécessaires.
Il ajoute par ailleurs que le baccalauréat est exigé partout ailleurs au Canada et que lorsque l’Ontario en a fait une exigence, le nombre d’inscriptions et de diplômées a augmenté de façon significative. Plus d’une trentaine de campus offriraient en outre le programme universitaire de sciences infirmières au Québec.
Irréaliste
Le réseau collégial a rapidement réagi à cette annonce de l’OIIQ d’exiger le baccalauréat, rappelant, entre autres, que 46 des 48 cégeps au Québec offrent le programme de soins infirmiers. C’est le cas dans la région alors que cégep de Saint-Jérôme et le Collège Lionel-Groulx donnent cette formation.
À Lionel-Groulx, le directeur général Michel Louis Beauchamp, fulmine lorsqu’on lui parle des intentions de l’OIIQ.
« C’est irréaliste, non-fondé et sans données probantes ! Aucune étude sérieuse ou analyse de situations de travail n’a confirmé la nécessité d’amorcer ce virage », soutient M. Beauchamp avant d’ajouter que ce n’est pas le rôle de l’OIIQ de décider de l’adéquation entre la formation et la pratique infirmière.
« Le rôle de l’OIIQ est de protéger le public. Ce n’est pas son rôle d’aller sur ce terrain-là !».
Le directeur du Collège Lionel-Groulx parle au nom de tout le réseau collégial lorsqu’il affirme par ailleurs qu’une telle décision de l’OIIQ contribuerait certainement à une hausse de la pénurie de main d’œuvre que vit actuellement la province.
« On va faire passer de trois à cinq ans la durée de la formation. Il y aura donc un trou de deux ans où nous manquerons d’infirmières. Ça ne tient pas la route ! »
Il a rappelé que le réseau collégial forme en moyenne 3000 infirmières par année sur de l’équipement à la fine pointe de la technologie et qu’il en coûte des milliers de dollars pour suivre une formation universitaire ce qui pourrait ultimement en décourager plusieurs de suivre cette voie.
La recommandation de l’OIIQ pourrait être mise en place d’ici cinq ans.
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