C’est en 1943 que l’aventure entrepreneuriale des Bélisle a commencé. Installés à Saint-Canut, Aldège et Alice ont acheté un commerce qui, à cette époque, vendait de la nourriture en vrac, des vêtements et des articles pour les chevaux. Leur fils, Jacques, y travaillait également, alors qu’il n’était âgé que de 12 ans.
«Je remplissais les étagères, pesait des fruits et des légumes et faisait des livraisons à bicyclette», de se remémorer l’homme qui soufflera bientôt 90 bougies.
Il se souvient qu’autrefois, les habitants de la région remisaient leurs voitures avec l’arrivée de l’hiver. «Au cours de cette saison, pour ravitailler le magasin, il fallait se rendre à Saint-Jérôme à cheval!»
Place à la deuxième génération
En 1960, Aldège Bélisle a décidé de vendre son magasin à son fils, lui qui avait déjà travaillé à ce même endroit pendant 17 ans. Le nouveau propriétaire a agrandi et ajouté de nouvelles commodités. La présence de trois campings dans le secteur était bonne pour les affaires et explique, en partie, la longévité du magasin général. Après la messe, les gens y passaient. En outre, les grandes surfaces et la compétition sont arrivées dans le secteur seulement au début des années 2000.
«Nous avions un poste à pompes où nous vendions deux sortes d’essence, la jaune et la rouge. Il fallait vider les postes le soir, afin d’éviter de se faire voler», de dire Jacques Bélisle, en entretien téléphonique.
Les plus jeunes seront sans doute surpris d’apprendre qu’il fallait débourser cinq cents, à une certaine époque, pour mettre la main sur une barre de chocolat ou sortir du commerce avec une boisson gazeuse. La cartouche de cigarettes coûtait, de son côté, 3,75 $.
«Un moment donné, il fallait augmenter le prix de la boisson gazeuse à 6 cents. Un client s’était plaint et avait dit qu’il n’en achèterait plus», blague M. Bélisle.
Or, ce n’est pas la pandémie qui aura emporté ce commerce, mais bien l’heure de la retraite. M. Bélisle a 89 ans. Son fils, qui travaille à ses côtés depuis cinq décennies, est âgé de 65 ans. Et il n’y a pas de relève. Les deux filles de Jacques Bélisle ne peuvent pas assumer les charges à elles seules.
«Nous souhaitions vraiment trouver une relève, mais nous n’avons pas réussi. On aimait bien servir la clientèle, ajoute le propriétaire. Nous travaillions de 7 à 22 heures chaque jour. Sans compter les jours fériés!»
L’annonce de cette fermeture a fait réagir sur les réseaux sociaux. Le petit-fils de M. Bélisle a pris soin d’imprimer les réactions, pour les remettre à son grand-père. Ce dernier fut touché par les messages qui lui étaient destinés.
Les derniers moments
La nouvelle a vite fait le tour de la communauté. Une citoyenne du secteur a décidé d’organiser un petit événement pour rendre hommage à la famille Bélisle, tout en prenant soin de respecter les mesures sanitaires en place. Stéphanie Allard a tenu une collecte de cartes de remerciements et de souhaits. Elle a ensuite prit le temps de remettre le tout au magasin, en main propre.
La pharmacie Uniprix Thomas-Ugo Deschênes accueillait les citoyens qui désiraient participer au projet, en déposant leurs cartes dans une boîte à cet effet. Celle-ci fut remise à Jacques Bélisle, ce weekend, au dernier jour d’ouverture de son commerce. «Je peux vous dire qu’ils étaient très émus», de confier Mme Allard, elle qui, dans le cadre de cette remise, était accompagnée par le conseiller municipal à la Ville de Mirabel, Marc Laurin.
«Un immense merci à la famille Bélisle pour leur amour, leur temps, leur cœur durant toutes ces années», conclut la citoyenne.
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