Située au cœur du Vieux-Saint-Eustache, sa boutique profite pleinement du dynamisme du secteur : « Le marché public m’a amené quatre mariées l’été dernier, et ces quatre-là m’en ont apporté quatre autres ». Cet élément de communauté et d’économie circulaire, Carole Chalut en fait aussi profiter les autres : « Mes clientes qui se cherchent des chaussures, je les envoie chez Chaussures Pop, c’est à côté et on essaie de s’encourager entre commerces locaux. J’ai des clientes qui viennent de Sainte-Hyacinthe, de Shawinigan, quand je dois les faire attendre un peu, je les envoie au restaurant déjeuner à côté ».
La couturière et son savoir-faire sillonnent les Basses-Laurentides depuis presque 35 ans maintenant. S’initiant à la couture à 13 ans dans « son patelin » de Saint-Colomban, alors qu’elle était la plus jeune élève d’un cours s’adressant à des couturières beaucoup plus expérimentées. C’est malgré un TDA, une dyslexie et une dysphasie qu’elle a progressée à une vitesse fulgurante. Elle touche à sa première robe de mariée à 20 ans et confie : « À 25 ans, une robe de mariée n’avait plus aucun secret pour moi ».
Couture inclusive
Avec plus de 500 robes à son actif à ce jour et sa propre collection sur laquelle elle évalue avoir investi environ 1 500 heures de son temps, c’est lorsqu’elle parle de ses clientes « spéciales » qu’elle s’émeut le plus. Son émotion est la même lorsqu’elle parle d’une jeune cliente atteinte de trisomie 21 : « Elle a choisi une robe bleue de style Cendrillon. Elle était magnifique ! La voir se regarder dans le miroir, tellement fière, ça valait tout l’or du monde » que lorsqu’elle parle d’une robe qu’elle confectionne en ce moment pour une cliente ayant une difformité au haut du corps. « Je travaille dans une belle émotion, les gens viennent ici parce que c’est la fête », confie celle qui admet pleurer régulièrement avec les clientes émotives.
Philosophie d’affaire et intégrité
Dans une industrie qui semble se réserver de plus en plus aux biens nantis, Carole Chalut se distingue par sa philosophie d’affaires basée sur l’accessibilité et l’honnêteté, qualifiant d’aberrantes certaines dérives mercantiles de l’industrie : « Presque partout à Montréal il faut payer pour les séances d’essayage. Je refuse de faire payer pour ça. Je loue aussi mes voiles. Qui veut payer 300 $ pour un voile que tu ne portes que quelques minutes ? », demande-t-elle avec raison, surtout considérant que sa robe la moins chère se détaille à 289 $ ! Alors qu’il n’est pas rare de voir des robes entre 2000 $ et 5000 $ ailleurs, et même plus, ses robes les plus dispendieuses sont celles de sa propre collection, à 1800 $.
Seule à opérer les Créations Carole Chalut, Carole est parfaitement consciente des défis de son milieu, qu’il s’agisse du manque de relève, de la pression constante des coûts ou de la fluctuation des tendances de la mode. Malgré ces obstacles, Carole reste déterminée à offrir un service humain et accessible, invitant quiconque à s’asseoir sur son divan rose, hommage aux flamants (piak piak comme elle les appellent affectueusement) qu’elle adore pour leur grâce et qu’on retrouve un peu partout dans la déco du commerce.
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