Cet été, des travaux de maîtrise de la végétation, effectués par le promoteur sur une distance de 100 mètres par 5 mètres de large, pour permettre l’aménagement d’une ligne électrique sur les quelques terrains vacants, a provoqué la grogne de Mme Gabriel qui a, depuis, multiplié les manifestations dans ce secteur.
Le 7 août, la mise en place de panneaux de signalisation, au coin de la rue Belleville, près de la rue Champlain, semble être la goutte qui a fait déborder le vase. En compagnie d’une poignée de contestataires, Ellen Gabriel était sur place pour dénoncer ce qu’elle qualifie d’un «affront» de l’administration municipale.
«Nous sommes concernés par le manque de respect démontré par la Ville d’Oka qui a érigé ces panneaux de signalisation, et ce, même si elle avait été avertie de stopper toutes activités. Il s’agit d’un développement illégal qui se tient sur des terres qui appartiennent à Kanesatake. Nous sommes ici pour réitérer notre opposition au plan d’organisation de la Municipalité d’Oka et la poursuite de la vente de terrains traditionnels, propriétés de Kanesatake», a soutenu Mme Gabriel qui souhaiterait voir le gouvernement fédéral remettre à Kanesatake ce territoire qui, dit-elle, appartient à la communauté autochtone de Kanesatake depuis 300 ans.
Ellen Gabriel a ajouté, en outre, que cette situation aurait pu être évitée dès 1990 «si le Canada avait agi honorablement». Qui plus est, elle a affirmé ne pas souhaiter l’expropriation des 150 propriétaires qui ont déjà érigé leur demeure dans ce secteur, mais, a-t-elle insisté, elle continuera «d’occuper ces terres convoitées pour les protéger de voleurs potentiels».
Le maire se fait rassurant
Aux dires du maire d’Oka, Pascal Quevillon, le Domaine des Collines d’Oka est un projet résidentiel qui a initialement fait l’objet de discussions entre le promoteur, la Municipalité d’Oka et le Conseil Mohawk de l’époque.
«J’aimerais rassurer la population en précisant que le conseil municipal ainsi que promoteur n’ont pas l’intérêt, ni l’intention de développer au-delà du fossé qui délimite naturellement cette forêt revendiquée», a indiqué M. Quevillon, insistant sur le fait qu’Oka partage avec le promoteur et la communauté autochtone «la volonté de protéger et préserver ces arbres».
«En aucun cas, a dit Pascal Quevillon, la Municipalité n’y autoriserait le développement d’un projet résidentiel. Je répète que le développement au bout de la rue Champlain n’a rien de nouveau, il date de plus de 10 ans. En aucun cas ni la municipalité ni le promoteur n’a l’intention de développer dans la pinède. Je tiens d’ailleurs à préciser qu’aucun pin n’a été coupé. J’ai l’impression que la population d’Oka est prise en otage dans ce dossier».
Une offre du fédéral ?
Selon une source au fait de la situation, le Conseil Mohawk aurait reçu, le 30 juin, une offre du ministère des Affaires autochtones et du Nord à titre de compensation monétaire à leur revendication. On parlerait d’un montant qui s’élèverait à plusieurs dizaines de millions de dollars.
Nous avons tenté de joindre le bureau de la ministre Carolyn Bennet pour obtenir une confirmation, mais nos appels et courriels sont demeurés lettre morte. Toutefois, dans une lettre datée du 25 juillet, adressée au maire Quevillon et au Grand Chef Serge Otsi Simon du Conseil mohawk, Mme Bennet écrit, relativement à un autre dossier: «Je tiens à vous féliciter pour les efforts qui ont été investis par tous ceux impliqués dans la résolution, et I’esprit de réconciliation qui guide vos échanges», signe que les relations semblent bonnes entre les parties.
Ellen Gabriel affirme ne pas avoir eu vent de cette offre du gouvernement fédéral. Toutefois, à ses yeux, aucun montant ne serait assez élevé pour satisfaire ses aspirations.
«Nous savons qu’il y a des discussions [entre Canada et le Conseil Mohawk], mais il n’existe aucun montant d’argent suffisant pour nous enlever nos terres. Si le gouvernement du Canada recherche la réconciliation, il doit nous restituer nos terres», de dire Mme Gabriel.
Nous avons également tenté de joindre le Grand chef Simon, sans succès.
Autre manifestation prévue ce samedi
Une seconde manifestation initiée par Ellen Gabriel, aura par ailleurs lieu ce samedi 12 août. Dès 11 heures, les manifestants sont attendus à l’entrée du parc national d’Oka. Ils se dirigeront par la suite, à pied, vers le Domaine des Collines d’Oka où se terminera cette marche.
La Sûreté du Québec et la Municipalité d’Oka appellent au calme et à la diplomatie lors de cette manifestation se voulant pacifique. « Nous ne sommes pas sans savoir les conséquences d’une manifestation et c’est pourquoi je vous recommande de demeurer paisible», conseille le maire Quevillon, en espérant que l’offre du gouvernement du Canada qui aurait été déposé au Conseil mohawk de Kanesatake en réponse à leur revendication territoriale cessera les moyens de pression.
Avec comme principal objectif de faire le point sur la situation actuelle, la Municipalité d’Oka tiendra, au début du mois de septembre, une assemblée citoyenne à ce sujet. « Que vous soyez compréhensifs, inquiets, irrités ou indifférents, il est important pour nous de vous entendre» invite M. Quevillon.
Entre-temps, la Municipalité d’Oka rappelle à ses citoyens l’importance de faire preuve de patience et de tolérance en réponse aux revendications de nos voisins autochtones.
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