Le plan initial présenté par Pointe-Calumet à l’automne 2019, à la suite des inondations du printemps précédent, n’exigeait pourtant aucune expropriation. Comme à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, ou même dans le secteur situé entre la 13e et la 18e avenue de Pointe-Calumet, la digue, à la demande de la ville, devait être construite dans le littoral. Ce plan a toutefois été refusé par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC).
« Ce plan était beaucoup moins coûteux et moins évasif que d’aller jouer sur les terrains des gens, mais cela nous a été refusé entre la 25e et la 32e avenue! Il est faux de dire que c’est la Ville qui ne voulait pas que la digue soit construite dans le littoral ! C’était ça notre plan !», s’exclame la mairesse de Pointe-Calumet, Sonia Fontaine.
Trois à neuf ans d’analyses
Pour que la digue soit construite dans le littoral, il aurait d’abord fallu réaliser une étude d’impacts, qui, nous dit-on, se serait étendue sur une période comprise entre trois et neuf ans. Il aurait aussi fallu débourser 100 000 $ pour présenter cette étude au BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement), une fois complétée. Et encore là, aucune certitude que le projet (de construire la digue dans le littoral) aurait pu aller de l’avant. À vrai dire, on s’est plutôt fait dire à l’hôtel de ville de Pointe-Calumet que les chances d’obtenir l’aval du MELCC étaient très minces, voire nulles puisque Québec ne permet plus de construction sur le littoral d’un cours d’eau. Sans oublier que les subventions octroyées par Québec et ottawa, qui couvrent 80 % des coûts de construction de la digue, se seraient envolées, insiste Sonia Fontaine.
Une chose est certaine : on ignore à quel moment auront lieu les prochaines crues des eaux. Est-ce que ce sera le printemps prochain ? Le suivant ? Et pendant ce temps, tant que la digue n’est pas érigée, les banques hésitent à financer la construction de nouvelles maisons à Pointe-Calumet, en zone inondable. Les compagnies d’assurances sont encore plus frileuses lorsqu’on leur mentionne être en zone inondable, sans digue.
« Le choix d’exproprier des gens de leurs terrains et d’une maison a été très difficile. Nous avons tout fait pour éviter cette situation ! »
Hausse de taxes ?
Rencontré au bout de la 30e avenue, jeudi dernier, Richard Handfield et Michel Grimard, des résidents de longues dates de Pointe-Calumet, parlent au nom d’autres citoyens lorsqu’ils affirment être inquiets. Inquiets de voir apparaître une digue dans leur cour. Inquiets de constater que des dizaines d’arbres seront coupés pour y faire place. Inquiets que les citoyens de Pointe-Calumet aient à payer le prix de cette décision.
« Si la digue passe à l’intérieur des terres, avec tout ce que la Ville devra exproprier, ça va coûter cinq fois le prix de passer dans le littoral. Ici, on s’obstine à vouloir passer sur les terrains ! Je ne comprends pas ! », soutient M. Handfield, également préoccupée par les pertes d’argent que cela engendra pour Pointe-Calumet. Il craint bien sûr une hausse de taxes, mais se questionne aussi sur les milliers de dollars que perdra la ville en revenus de taxation sur les terrains expropriés en bord de lac qu’il aurait plutôt mis en valeur.
« Il faut regarder les opportunités lorsque survient une catastrophe », insiste-t-il.
« C’est un paradis ici, a conclu la mairesse Sonia Fontaine. Si on ne protège pas notre ville, elle va mourir. Il faut penser à l’avenir. Il faut penser aux investissements de nos citoyens. Je vous dis qu’il n’y aura pas de hausses de taxes. Nous avons un budget parfaitement équilibré. »
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