Au moment où le CISSS des Laurentides annonce qu’il double le nombre de tests de dépistage par jour dans ses cliniques désignées COVID-19, passant de 150 à 300, les travailleurs de la santé disent être à bout de ressources face à la pandémie qui a déjà touché 169 personnes dans la région.
Autant la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ, que le Syndicat des Professionnelles en soins des Laurentides-FIQ (SPSL), l’Association des ressources intermédiaires d’hébergement du Québec (ARIHQ) et l’Alliance du personnel professionnel et technique du réseau de la santé et des services sociaux (l’APTS) dénoncent les conditions dans lesquelles se retrouvent leurs membres. Selon ses organisations, les mesures prises par Québec ne sont pas à la hauteur de ce que les «anges gardiens» méritent.
«Le premier ministre les appelle ses anges gardiens. Et pourtant, encore ce matin, il est incapable d’assurer leur sécurité!», s’insurge d’abord la présidente de la FIQ, Nancy Bédard, qui qualifie cette situation de «tout simplement inacceptable».
«La protection des salariées n’est pas au rendez-vous, renchérit Denis Provencher, président intérimaire du Syndicat des Professionnelles en soins des Laurentides. Il n’est pas normal que les professionnelles en soins qui font les visites à domicile soient obligées de se confectionner des masques de fabrication artisanale pour se protéger. Si les professionnelles en soins tombent au combat, c’est toute une société qui en sera affectée.»
«Notre patience a atteint ses limites»
À l’APTS, qui représente quelque 3 800 travailleurs de la santé des Laurentides, Marie-Ève Meilleur, représentante nationale, ne mâche pas ses mots.
«Notre patience a atteint ses limites. Ça fait près de 12 jours que le gouvernement Legault a décrété l’état d’urgence sanitaire et rien n’est fait pour assurer la sécurité de nos membres sur le terrain. Les établissements se fichent éperdument des consignes de la ministre McCann et du directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda. Attendons-nous qu’il y ait une mort dans le réseau pour assurer la sécurité du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux?»
À l’APTS, tous les voyants sont au rouge.
«Nos membres sont épuisés, surchargés. L’anxiété due à la pandémie, l’absence de consignes claires et le manque de collaboration de la part de l’employeur ne font qu’augmenter le degré de détérioration du climat de travail, malheureusement déjà très élevé», poursuit Mme Meilleur qui dénonce en outre que le CISSS des Laurentides impose la prise de vacances à certains travailleurs en cette période de crise. «Ceux-ci veulent servir la population et ils souhaiteraient un report de leurs congés compte tenu du contexte», conclut-elle à ce sujet.
Au moment d’aller sous presse, mardi, la FIQ annonçait avoir obtenu de Québec des mesures d’exception pour ses membres. Le gouvernement s’est en effet engagé formellement à ce que les femmes enceintes ne travaillent plus dans les milieux de soins et que toutes les normes concernant l’utilisation de l’équipement de protection individuelle soient respectées.
Réaction du CISSS
Au CISSS des Laurentides, la direction est consciente qu’une situation telle la pandémie vécue actuellement engendre un climat augmentant le niveau de stress des individus.
«Nous comprenons, a répondu Mélanie Laroche de l’équipe des communications du CISSS. C’est vrai dans la population, et ce l’est tout autant au sein du personnel de la santé qui est au front dans cette lutte avec la COVID-19.»
Le CISSS des Laurentides prend très au sérieux la sécurité de ses 15 000 employés et plus de 1 000 médecins, ajoute Mme Laroche. Le rappel des consignes de distanciation est d’ailleurs fait régulièrement, dit-elle.
«Le CISSS des Laurentides émet des consignes en continu à ses gestionnaires et à ses employés en fonction de l’évolution de la situation. Tout le milieu de la santé et des services sociaux doit faire preuve d’agilité et doit s’attendre à recevoir régulièrement des mises à jour des directives notamment en fonction des consignes nationales.»
À cet effet, les travailleurs reçoivent tous les jours une communication par courriel présentant les informations essentielles à savoir. L’implantation de cette méthode électronique permet au CISSS des Laurentides de maintenir un contact actif direct avec son personnel réparti sur plus de 80 installations, 24 h sur 24 h, 7 jours sur 7.
Télétravail, délestage, vacances
Quant aux consignes en lien avec le télétravail, le CISSS tient à souligner que pour assurer les services et soins essentiels, il doit valider que les moyens technologiques en place permettent le télétravail dans des situations où, habituellement, le travail est toujours fait en présentiel.
«L’environnement de travail est aussi évalué à savoir s’il présente ou non des risques pour l’employé», indique Mélanie Laroche avant d’ajouter qu’une ligne dédiée aux employés a été mise en place depuis le samedi 14 mars afin de répondre aux questions, de 8 h à 20 h, 7 jours sur 7. De plus, 5 employés et 1 cadre sont exclusivement affectés à la prévention et au mieux-être des employés.
Quant au plan de délestage, toutes les directions ont complété l’exercice ce vendredi 27 mars. L’organisation travaille donc à voir si du personnel peut être réaffecté à d’autres tâches en lien avec les services essentiels à maintenir. La DRHCAJ traite également un grand nombre de candidatures pour ajouter des ressources afin de soutenir les soins et services de santé en lien avec la COVID-19.
Pour ce qui est des vacances du personnel contribuant aux services essentiels, le CISSS des Laurentides entend suivre l’enlignement du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Le CISSS des Laurentides demeure toujours ouvert aux suggestions de l’APTS et d’autres organisations syndicales, mais celles-ci devront composer avec la situation exceptionnelle.
«La mobilisation du personnel du CISSS des Laurentides est remarquable et le CISSS des Laurentides doit garder comme objectif d’agir pour le bien-être de la population et de ses employés», a conclu Mélanie Laroche.
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