Les infirmières qui œuvrent au bloc opératoire de l’Hôpital de Saint-Eustache sont à bout de souffle. Des «absences non remplacées» et «le manque de personnel» ont récemment mené certaines d’entre elles à l’épuisement professionnel. En guise de protestation, ces travailleuses ont manifesté en s’assoyant au sol («sit-in» ), les 6 et 16 octobre, espérant que l’on modifie leurs conditions de travail.
«Le personnel, principalement infirmier, est épuisé, nous a raconté cette infirmière sous le couvert de l’anonymat. Nous avons quelques maladies, des congés de maternité, des gardes de nuit, de soir et des 24 heures la fin de semaine. Il nous arrive parfois de travailler 20 à 22 heures en ligne» , ajoute l’infirmière qui soutient, en outre, avoir subi de l’intimidation de la part de médecins.
«Dans certains cas, poursuit l’infirmière qui nous a contactés, nous nous faisons accuser de «faibles» par des chirurgiens, car nous décidons de penser à notre santé et n’entrons pas à la suite d’une nuit au travail.»
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Sit-in
C’est donc pour dénoncer leurs conditions de travail que les infirmières du bloc opératoire ont décidé de prendre part à deux «sit-in» . Celles qui y ont participé le 6 octobre ont reçu un avis disciplinaire sous forme de lettre, les informant qu’elles en subiraient les conséquences. Les membres du personnel qui ont pris part à la manifestation du 16 octobre se sont quant à elles vus couper une partie de leur salaire.
«Je désire dénoncer l’oppression que nous vivons lorsque nous décidons de nous affirmer sur les conditions inacceptables dont nous sommes affligées à répétition. Jamais la vie d’un patient n’a été mise en danger pendant ces deux activités. Un certain retard dans le début de la journée a simplement été constaté» , de dire la sonneuse d’alarme.
Le syndicat à l’écoute
Les «sit-in» des 6 et 16 octobre se sont fait spontanément, sans que la demande n’ait émané du syndicat, nous a confirmé Julie Daignault, présidente du FIQ-Syndicat des professionnelles en soin des Laurentides (SPSL) qui représente 4 200 membres dans la région, dont le personnel du bloc opératoire.
«Le climat de travail est difficile, car plusieurs absences ne sont pas remplacées. Cela fait plus d’un an que nous en parlons à l’employeur. C’est pour cette raison que plusieurs retraitées ont été réembauchées, dont certaines à temps complet. Toutefois, un retraité n’est pas supposé travailler à temps complet» , a mentionné Mme Daignault. Celle-ci explique la difficulté de remplacer les employées absentes du bloc opératoire par la formation exhaustive que doivent suivre leurs remplaçantes avant d’y être admises.
Quant aux allégations d’intimidation dont auraient été victimes certaines infirmières, le syndicat affirme n’avoir reçu aucune déclaration officielle de ses membres à ce sujet, mais que si de telles actions venaient à ses oreilles, ce serait alors «tolérance zéro» , a insisté Julie Daignault.
Position du CISSS
Pour l’employeur, le CISSS des Laurentides, la situation dans laquelle se retrouvent les infirmières du bloc opératoire est préoccupante. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il dit avoir agi en conséquence, comme l’a expliqué Thaïs Dubé, porte-parole.
«Il est vrai que depuis l’automne, l’équipe du bloc opératoire de Saint-Eustache a dû composer avec le départ de certaines infirmières. Cependant, nous avons pris les mesures nécessaires afin de corriger la situation et nous sommes confiants qu’elle sera rétablie sous peu» .
Le CISSS des Laurentides procède en effet à la formation de nouvelles infirmières à l’heure actuelle. Celles-ci, nous dit-on, pourront se joindre à l’équipe du bloc opératoire. «Entre temps, a conclu Thaïs Dubé, l’équipe du bloc opératoire de l’Hôpital régional de Saint-Jérôme vient nous prêter main forte.»
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