L’horaire type d’une éducatrice en services de garde, qui travaille 35 heures par semaine, dépeint une journée bien remplie et exigeante. De 6h45 à 17h30, avec de courtes pauses entre les périodes d’activité, cette profession demande une grande énergie et un dévouement sans faille…et ne pas compter les frais d’essence.
Plus détaillé, voici l’horaire qui explique bien des choses. L’éducatrice doit être à l’école tôt le matin de 6h45 à 8h45 dans un premier temps. Ensuite, elle retourne à la maison. Elle revient à l’école à 10h40 pour une durée de 20 minutes. 11h, de retour chez-elle. Quelque 50 minutes plus tard, elle reprend la route direction l’école pour une période plus longue, de 11h50 à 13h25. Une autre heure de pause obligatoire à la maison pour revenir à 14h25 et demeurer sur place un autre 20 minutes. 14h45, on retour au bercail pour être de retour à l’école, toujours la même, de 15h02 jusqu’à 17h30.
Pas surprenant que la situation alarmante persiste dans les écoles. Au CSSMI, plus de 450 postes d’éducatrices en services de garde étaient non pourvus, soit la moitié des effectifs, cet été. Une récente campagne de recrutement agressive a permis de diminuer l’hémorragie : En cette journée de rentrée scolaire, il manque encore 247 postes à combler. De plus, le manque de 88 surveillants d’élèves à moins de 15 heures par semaine ajoute à la complexité de la situation.
Pour la présidente du Syndicat du personnel de soutien de la Seigneurie-des-Mille-Îles, Josée Dufort, les prochains jours seront « catastrophiques ».
«À l’heure actuelle, ils disent avoir réussi à combler 70% des postes d’éducatrices tout en sachant qu’avec la date de la rentrée qui approche et le manque d’éducatrices le ratio par éducatrice risque d’être à la hausse. Sachant que d’entrée de jeu, le ratio devrait être de 1/20, on présume que les ratios vont frôler les 1/30 dans quelques milieux dus aux manques de personnel ».
Ces ratios élevés par éducatrice pourraient compromettre la qualité de l’éducation offerte aux jeunes surtout que la présidente souligne que la démission de nombreux employés de soutien non rien pour aider.
L’année passée, le CSSMI a enregistré 175 démissions, soulignant ainsi l’ampleur de la crise qui affecte le système éducatif.
Pour le vice-président de la FEESP-CSN, Frédéric Brun, la situation actuelle ne se limite pas à un simple manque de personnel. Selon lui, pour résoudre cette crise, il est essentiel d’offrir de meilleures conditions salariales et de travail. Les salaires des employés de soutien des écoles primaires, secondaires et des Centres de services sont parmi les plus bas du secteur public, ce qui contribue à l’exode des travailleurs.
Une éducatrice en service de garde gagne 26 $ de l’heure au dernier échelon salarial et un préposé aux élèves handicapés 23,35 $. Les ouvriers spécialisés, qui s’occupent comme ils le peuvent d’infrastructures scolaires de plus en plus délabrées par manque de financement chronique, accusent un retard salarial de 30 % par rapport à leurs collègues d’autres secteurs. Quant à la personne technicienne en travaux pratiques, elle va gagner entre 6 000 $ et 10 000 $ de plus par année en allant occuper un poste similaire dans une université fait remarquer la CSN.
Le gouvernement du Québec est également pointé du doigt. François Enault, premier vice-président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), affirme que les offres salariales proposées ne sont pas à la hauteur de l’inflation et des besoins réels des travailleurs. Il appelle à une action urgente pour éviter la détérioration du système d’éducation.
Cette crise de personnel dans les écoles primaires demande une attention immédiate et des mesures concrètes pour attirer et retenir les employées et employés de soutien. Une éducation de qualité repose sur un personnel engagé et motivé, et il est essentiel de garantir des conditions de travail et des salaires justes pour maintenir le système éducatif à flot.
La direction du CSSMI n’a pas été en mesure de répondre à nos questions avant la publication.
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