Que ce soit devant les écoles primaires et secondaires du Centre de services scolaire des Mille-Îles (CSSMI) ou à son centre administratif, devant l’Hôpital de Saint-Eustache, le CLSC Jean-Olivier-Chénier, devant les CHSLD et les centres d’hébergement du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides que l’on retrouve sur le territoire de la MRC de Deux-Montagnes, ils étaient des dizaines et des dizaines de travailleurs à chaque endroit pour se faire entendre; café chaud et chauffe-mains à proximité.
La journée a commencé dès minuit, lundi, alors que le thermomètre oscillait à ce moment sous le point de congélation. Les travailleurs syndiqués ont cependant été réconfortés par de nombreux automobilistes qui, en passant devant les lignes de débrayage, n’ont pas hésité à leur offrir un appui à leurs revendications en klaxonnant ou en levant le pouce en guise de solidarité.
Si les grévistes œuvrant en milieu scolaire sont retournés au travail vers 10 h 30 comme le prévoyait le scénario qui les concernait, plusieurs autres ont poursuivi la grève jusqu’à 23 h 59 selon un horaire qui avait été planifié afin que les services essentiels soient assurés, comme le prévoit la loi.
Cette première journée de débrayage, c’est la réponse des 420 000 syndiqués du Front commun à travers le Québec face aux plus récentes offres du gouvernement de François Legault, déposées le 29 novembre dernier et jugées « insultantes et méprisantes » à leur égard. Dans la région des Laurentides, le mécontentement est tout aussi palpable que dans les autres régions de la Belle Province, comme en font foi les commentaires recueillis ici et là par votre hebdo L’Éveil durant la journée,
Le même message d’un endroit à l’autre
« Cela fait […] plusieurs mois que le Front commun est sur toutes les tribunes pour rappeler au gouvernement que ses offres ne passent pas. Si le gouvernement veut être un employeur de choix, il doit entendre notre message aujourd’hui, et que cela se traduise aux tables de négociations. C’est clair que ça passe par des salaires plus décents, plus attractifs. Nous n’accepterons pas que nos membres s’appauvrissent en allant travailler », a averti Marie-Ève Meilleur, représentante nationale pour la région des Laurentides de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), l’un des quatre syndicats, avec la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), à faire partie de ce Front commun; une première depuis 1972.
Devant le CLSC Jean-Olivier-Chénier, à Saint-Eustache, Nathalie Lamanque, organisatrice communautaire depuis 20 ans à cet endroit, a dit être là pour « défendre ses droits, pour défendre le fait d’avoir de meilleures conditions [de travail], de meilleurs salaires et que l’on reconnaisse l’importance que nous avons au niveau de la santé et de l’éducation ». « Nous étions très importants pendant la pandémie; il faut que ça continue par après », a-t-elle fait valoir.
À l’intersection du chemin d’Oka et de la rue David-Lord, la présence des grévistes ne pouvait pas, comme ailleurs, passer inaperçue. « Le gouvernement veut nous appauvrir. Nous voulons avoir un salaire raisonnable, de bonnes conditions de travail. Nous voulons que le gouvernement nous dépose une bonne offre sur la table; là, nous reculons », a lancé Danielle Imbault, préposée aux bénéficiaires au Centre d’hébergement de Saint-Eustache.
Sur le boulevard Arthur-Sauvé, aux abords de l’Hôpital de Saint-Eustache, là encore, la centaine de manifestants était très visible « On est là aujourd’hui parce que ça ne bouge pas avec le gouvernement. La dernière offre patronale, c’était n’importe quoi. C’est toujours la même chose », d’indiquer Manon Daniel, technicienne de laboratoire en microbiologie et responsable syndicale.
« On veut un meilleur salaire pour pallier l’inflation, pour ne pas s’appauvrir, mais aussi de meilleures conditions de travail. On ne veut pas de temps supplémentaire obligatoire, on veut avoir de la conciliation travail-famille, on veut être écouté en fait », d’ajouter Ninon Laroche, technologiste médicale.
Rappelons que le Front commun demande, sur le plan salarial, une augmentation de 21 % sur trois ans, incluant un montant de 100 $ par semaine pendant 52 semaines la première année (2023), afin « de récupérer l’inflation passée et celle à venir », alors que Québec a majoré sa dernière offre de 9 % à 10,3 % sur cinq ans.
Enfin, le Front commun a déjà fait savoir, dès lundi matin, que la prochaine séquence de grève sera plus lourde de conséquences, puisqu’elle se déroulera du 21 au 23 novembre prochains, à moins évidemment d’une possible entente d’ici là. Cette fois, le milieu scolaire sera touché pour l’entièreté des trois journées.
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