Rappelons que M. L’Allier, dont le père était boulanger à ce moment à Sainte-Scholastique, a été élu député de Deux-Montagnes une première fois le 29 avril 1970, succédant alors au libéral Gaston Binette qui, quelques mois plus tôt, avait annoncé qu’il ne se représenterait pas après dix ans de vie politique.
M. L’Allier avait remporté facilement la victoire, raflant 12 016 voix, soit 6 649 de plus que son plus proche adversaire, l’unioniste Jean-Guy Bergeron. Ce dernier, on le sait, sera élu député de Deux-Montagnes en 1989 sous les couleurs du… Parti libéral du Québec.
M. L’Allier a élu élu une deuxième fois au scrutin de 1973, puis défait en 1976 par le péquiste Pierre de Bellefeuille, décédé l’automne dernier. En plus d’être député, le natif de Hudson a eu la charge de différents ministères. M. L’Allier a aussi été maire de Québec de 1989 à 2005, ayant été élu à quatre reprises consécutives à ce poste.
De Guy Bélisle à Jean-Paul L’Allier
Il s’en est toutefois fallu de peu pour que Jean-Paul L’Allier ne vive jamais cette première expérience politique. En effet, c’est un certain Guy Bélisle, alors maire de la Paroisse de Saint-Eustache, qui était plutôt sollicité par Robert Bourassa lui-même pour être le candidat libéral dans Deux-Montagnes à cette élection de 1970. La circonscription s’étendait alors jusqu’à Saint-Placide, Saint-Hermas et Saint-Colomban.
«J’ai refusé, car je ne me voyais pas voyager de Québec à Saint-Eustache continuellement. Pour moi, la famille c’était important et j’aimais ma fonction de maire. J’ai alors suggéré le nom de Jean-Paul L’Allier, avec lequel je m’étais lié d’amitié au Séminaire de Sainte-Thérèse [aujourd’hui le collège Lionel-Groulx] et qui avait accepté ma proposition. Mais c’est moi que M. Bourassa voulait, et il m’a fallu le convaincre. Je lui ai donné des noms de personnes pour qu’il s’informe. Et il a finalement accepté. Même que M. Bourassa a participé à l’assemblée de clôture de la campagne de Jean-Paul L’Allier», raconte Guy Bélisle qui avait agi à ce moment à titre d’organisateur en chef de cette campagne.
L’ex-maire de Saint-Eustache se souvient d’un député d’une extrême efficacité, d’un homme chaleureux naturellement et d’un politicien qui savait être rassembleur et respectueux, au point même d’être respecté de ses adversaires.
«Il a aussi beaucoup contribué à ce que la Ville de Saint-Eustache est devenue aujourd’hui en obtenant de nombreuses subventions pour des infrastructures», de soutenir M. Bélisle, rappelant que dans les mois qui ont suivi cette première élection de 1970, il y avait eu la fusion de la Paroisse et de la Ville de Saint-Eustache.
Un homme d’action, un visionnaire
Pour sa part, Denis Renaud aura été le bras droit de M. L’Allier pendant ses deux mandats à titre de secrétaire de comté. «C’était un homme d’action, visionnaire, doté d’une grande capacité à maîtriser rapidement ses dossiers. Comme il était aussi ministre, il a grandement aidé à faire évoluer les dossiers des municipalités, avec lesquelles il était en étroit contact», se rappelle M. Renaud qui dit avoir apprécié «la grande confiance» que lui portait M. L’Allier.
Celui-ci se souvient aussi de Jean-Paul L’Allier comme d’un politicien rassembleur. «Il avait même subventionné le Centre d’information et d’action communautaire (CIAC) des expropriés de Mirabel, ce que plusieurs libéraux ne comprenaient pas», donne pour exemple M. Renaud, rappelant au passage que M. L’Allier a notamment contribué, lors de ses deux mandats, à la construction du Manoir de Saint-Eustache et l’école Lake Of Two Mountains.
Tant M. Bélisle et M. Renaud disent avoir appris avec beaucoup de chagrin le décès de M. L’Allier, avec lequel ils avaient gardé contact avec les années. Mais les deux hommes se consolent en faisant valoir que celui-ci a connu un parcours de vie exceptionnel.
«Il va sans aucun doute figurer dans l’histoire comme l’un des grands hommes que le Québec a connus», n’hésite d’ailleurs pas à dire M. Bélisle.
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