«Nous sommes à recueillir plusieurs témoignages de personnes qui ont vécu cette expropriation en 1969 et dans les années qui ont suivi, mais aussi de leurs enfants et petits-enfants. Et ce qu’on constate, c’est que des gens de deuxième et même de troisième génération sont encore marqués par cette expropriation» , d’indiquer l’ex-députée péquiste Denise Beaudoin, cofondatrice et codirectrice du Centre d’écologie et de consultation communautaire (CEEC), dont la mission consiste à commémorer la lutte des expropriés de Mirabel. Mme Beaudoin partage la cofondation et la codirection du CEEC avec Françoise Drapeau-Monette, fille d’expropriés.
Un rappel des évènements
Rappelons que c’est le 27 mars 1969, à 14 h 25, que le gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau annonçait cette expropriation pour construire ce qui devait devenir «le plus grand aéroport international au monde» . Inauguré le 4 octobre 1975, l’aéroport de Mirabel ne devait finalement pas remplir ses promesses, si bien que les vols passagers ont été abandonnés le 31 octobre 2004 au profit de Dorval et l’aérogare démolie en septembre 2014.
L’expropriation a touché 3 000 familles qui ont dû céder leurs terres et a entraîné le déplacement de plus de 10 000 personnes. Elle a aussi été le début d’une longue lutte qui a obligé le gouvernement, alors dirigé par le conservateur Brian Mulroney, à rétrocéder, au mois de mars 1985, 80 000 des 97 000 acres expropriées.
Puis, en décembre 2006, le gouvernement conservateur de Stephen Harper annonçait qu’il allait vendre ou rétrocéder 11 000 autres acres. Processus qui a été complété à 90 % à ce jour, car 850 acres sont toujours invendues et réclamées par les expropriés et leurs descendants. Les 6 000 acres restantes de l’expropriation initiale sont gérées par Aéroports de Montréal (ADM).
Un projet de mémoire collective
Et justement, pour ne pas que cette expropriation tombe dans l’oubli, Denise Beaudoin, Françoise Drapeau-Monette et bon nombre de bénévoles ont donc amorcé un projet de mémoire collective qui mènera éventuellement à la création d’un «centre d’interprétation et de consultation sur l’expropriation» .
Également, le sculpteur Armand Vaillancourt entreprendra ce printemps la création d’une œuvre pour immortaliser la lutte des expropriés de Mirabel et revendiquer la protection des terres agricoles. La sculpture sera érigée à l’arrière de la maison Jean-Paul-Raymond, dans le secteur de Saint-Eustache, où logent le CEEC et le syndicat de base de l’UPA Sainte-Scholastique-Mirabel.
Pour financer le tout, une campagne de socio-financement est d’ailleurs en cours, mais les responsables du projet souhaitent la relancer au cours des prochaines semaines. Tous les détails sont disponibles sur le [https://expropriationmirabel.org].
D’ici là, il y aura cette commémoration du 27 mars qui permettra aux gens présents de prendre connaissance de quelques témoignages d’expropriés recueillis à ce jour. Une minute de silence sera aussi observée et l’on pourra entendre les cloches sonner à très exactement 14 h 25. Des discours de circonstance sont aussi au programme de cette journée qui risque, on s’en doute, d’être fertile en émotions.
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