Policière pendant 29 ans au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), la Blainvilloise Martine Laurier ne l’a pas eu facile, songeant même à deux reprises à mettre fin à ses jours. Aujourd’hui retraitée, elle souhaite sensibiliser les gens, en uniforme ou non, au fait qu’ils ont eux aussi le droit d’avoir des faiblesses.
C’est par le biais de conférences, d’ateliers et de formations en prévention du suicide que Martine Laurier témoigne des problèmes de santé mentale dont elle a été victime au cours de sa carrière, elle qui a été diagnostiquée d’un trouble d’anxiété généralisée (TAG) dans la trentaine.
Admise au SPVM en janvier 1988, à l’âge de 25 ans, à une époque où la place des femmes au sein des services de police n’était pas encore naturelle, elle en a bavé dès le début, étant notamment impliquée dans un accident de voiture… la première fois que son partenaire l’a laissée prendre le volant.
«J’ai été la première femme à être embauchée sur la relève. Évidemment, les gars sur l’équipe me voyaient un peu plus comme leur conjointe à protéger. J’ai donc eu d’importants défis à relever puisque, en tant que femme, je n’avais pas encore ma place dans la police» , raconte Mme Laurier, loin de se douter, à ce moment, qu’elle en viendrait à attenter à ses jours, quelques années plus tard.
Son arme à feu sur la table du salon
Après avoir accouché de ses deux enfants, dans un court laps de temps, à la fin de la vingtaine, Martine Laurier était pointée du doigt par certains collègues qui lui demandaient si elle était rentrée dans la police pour avoir des enfants ou pour arrêter des voleurs.
«C’était très péjoratif, mesquin à la limite. Et à cette époque, je ne leur répondais pas.»
En plus des problèmes qu’elle vit au travail, ça ne va guère mieux à la maison où sa relation avec son mari se dégrade peu à peu jusqu’à la mener à un premier burn-out en septembre 1994. Elle avait 31 ans. S’en suit un divorce et tout ce qui vient avec, telle «la rumba des pensions alimentaires» comme elle le décrit.
«Ce fut une période difficile. Ma charrette était pas mal pleine! La seule place où je me réalisais, c’était à ma job. Sauf qu’un jour, en donnant une formation à des policiers, j’ai passé une remarque qu’un policier n’a pas appréciée. Il a fait une plainte à mon supérieur. Je me suis effondrée. Les fils dans ma tête se sont touchés!»
Le soir même, c’était en mars 1999, elle a couché ses enfants et était prête à passer à l’acte.
«J’ai mis mon arme à feu sur la table basse du salon. Mes enfants ne le savaient pas, mais dans ma tête c’était la dernière fois que je les embrassais avant de les coucher.»
Martine n’a pas commis l’irréparable cette soirée-là, mais ce n’était que partie remise. Quelques années plus tard, le commandant de son poste lui a retiré son arme, mis au fait qu’elle songeait à l’utiliser contre elle. Partie en ambulance du poste de police, sa réputation était faite.
«Lorsque j’ai été prête à revenir au travail, plus personne ne voulait travailler avec moi. Les autres policiers me voyaient et disaient que j’étais la folle qui a essayé de se suicider. J’ai fait 13 postes de police en deux ans!»
Heureusement, la poussière est retombée avec le temps. La policière a terminé sa carrière dans la joie en offrant des formations et des conférences à des policiers de partout au Québec avec qui elle a partagé son parcours chaotique.
Partenaire du Centre de prévention du suicide Le Faubourg, elle continue aujourd’hui d’offrir ces conférences à qui veut bien l’entendre. Le 18 novembre, de 14 h à 16 h, elle sera à l’hôtel Days Inn de Blainville pour y présenter «Parce que le suicide n’a pas de visage» . Pour réserver sa place au coût de 20 $, il suffit d’appeler au 514 349-8644 ou de visiter la page Facebook «Vigilance ML» .
Uniquement l’an dernier, une dizaine de policiers se sont suicidés au Québec.
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