En marge des efforts déployés sur le terrain par la firme Eco-Niobium, qui souhaite convaincre la population du bien-fondé de la relance de la mine autrefois exploitée par la St. Lawrence Columbium, le président du Comité des citoyens d’Oka, Simon Dubois, questionne la démarche des promoteurs, tant sur le plan de l’éthique que du point de vue environnemental.
«C’est un projet qui a déjà été rejeté collectivement», a-t-il rappelé, lors d’un entretien téléphonique, en faisant référence au référendum tenu au début des années 2000, quand Niocan souhaitait exploiter la mine. «Maintenant, les dirigeants d’Eco-Niobium rencontrent les citoyens individuellement, en leur faisant des promesses d’argent. Je me pose des questions sur la dimension éthique et démocratique de la démarche. Comment le projet est-il présenté à chaque personne, du point de vue de l’acceptabilité sociale, par exemple», s’interroge celui qui affirme, pour avoir assisté aux présentations publiques d’Eco-Niobium (il y en a tout de même eu cinq), qu’elles étaient en général reçues négativement par la population.
Beaucoup d’eau… et des camions
Sur le plan environnemental, bien que l’entreprise assure que l’eau qui sera pompée dans le sol sera dûment traitée (on promet même une eau dix fois plus pure en bout de ligne) avant d’être rejetée dans la nature, via le ruisseau Rousse, Simon Dubois est de ceux qui s’inquiètent justement de l’impact de ce rejet massif sur ce petit affluent de la Grande Baie, un lieu humide d’importance dans le parc d’Oka.
«On parle d’une aire protégée du parc d’Oka, un milieu très sensible, dans lequel il y a des espèces protégées», indique M. Dubois, en signalant que le débit du ruisseau sera forcément gonflé par le volume d’eau qu’on prévoit y rejeter. «Ça changera le fonctionnement de l’écosystème», résume-t-il.
Ce dernier concède tout de même à Eco-Niobium que son projet d’exploitation sous-terraine ferait beaucoup moins de dommage dans le paysage, par rapport à l’ancienne méthode qui favorisait une exploitation à ciel ouvert. «Je ne nie pas qu’il y aurait des améliorations, mais il y a des choses qui nous semblent embellies», poursuit M. Dubois, en abordant la question du transport de la matière qui sera extirpée de la mine. «À partir du moment où l’exploitation de la mine serait lancée, c’est sûr qu’il y aurait beaucoup de camionnage», pense-t-il, même si Eco-Niobium affirme qu’on ne transportera que l’équivalent d’un camion et demi de matière par jour.
Le scepticisme règne
«Il y a beaucoup de promesses qui sont faites. On fait miroiter énormément d’argent. À notre avis, il y a plusieurs paramètres qui ont été parfois gonflés, parfois sous-estimés. Des experts que nous avons consultés nous ont même expliqué que dans ce genre de projet, celui qui en fait la promotion, qui met les actions en bourse et qui le démarre n’est généralement pas celui qui l’exploitera à long terme. On peut alors offrir des garanties sur des paramètres qui ne sont pas sérieux», suggère M. Dubois, tout en rappelant qu’on parle ici d’un projet de mine, donc d’une activité industrielle dans un milieu agricole et agrotouristique, à proximité d’un parc national, ce qui constitue, pour lui, une sorte de conflit d’usage.
On comprend que le scepticisme règne dans les rangs des opposants au projet de la mine, qui avancent même que les coûts d’extraction du minerai ont été sous-estimés par le promoteur. «Une fois qu’un projet minier est lancé, on ne sait jamais ce qui va arriver, poursuit-il. Le meilleur exemple, nous l’avons eu ici même, quand la St. Lawrence Columbium a déclaré faillite, au milieu des années 1970, et qu’elle a quitté en pleine nuit, en laissant derrière elle de la machinerie et des barils d’huile qui se trouvent toujours au fond la mine», affirme Simon Dubois.
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