Non, le gouvernement Trudeau ne tiendra pas de référendum sur son projet de loi visant la légalisation du cannabis (c’était dans la plate-forme électorale), pas plus qu’il n’entend faire la promotion de ce produit ou d’encourager sa consommation. Chose certaine, la loi sera adoptée d’ici le 1er juillet 2018, potentiellement dans autant de moutures qu’il y a de provinces au Canada.
Dans l’intervalle, on a prévu une série de consultations publiques comme celle qui a fait salle comble, mercredi dernier, au Centre culturel et communautaire Thérèse de Blainville, alors que les députés libéraux de Rivière-des-Mille-Îles, Linda Lapointe, et Ramez Ayoub (Thérèse-De Blainville) avaient convié leurs concitoyens à entendre et questionner le panel de trois experts réunis pour l’occasion: Joël Lightbound, avocat, député libéral de Louis-Hébert et secrétaire parlementaire de la ministre de la Santé; Michel Picard, docteur en sciences politiques, député libéral de Montarville et membre du Comité permanent de la sécurité publique; Dr Éric Goyer, directeur de la santé publique du CISSS des Laurentides.
L’échec de la répression
Comme il se doit, les deux représentants du gouvernement on fait valoir que l’approche actuelle visant à réduire la consommation du cannabis et la criminalité qui s’y rattache vivait un échec permanent, impliquait de lourdes dépenses et le déploiement de ressources judiciaires considérables… pour ne profiter au bout du compte qu’au crime organisé.
Ainsi, sur la base du constat que le produit sera, de toute façon, toujours disponible sans que l’on soit assuré de sa qualité, on demeure persuadé que la légalisation du cannabis, assortie d’une réglementation stricte concernant la production, la distribution, la vente et la possession, de même que de nouvelles munitions pour combattre la problématique de la conduite avec facultés affaiblies, auront de meilleures chances d’atteindre la cible visée, c’est-à-dire la protection des jeunes et la protection de la santé et de la sécurité publiques.
On a cité l’exemple du Colorado qui a adopté pareille loi, en 2014, et qui constate, études à l’appui, une diminution de 12 % de la consommation chez les jeunes, dans un État qui détenait le championnat national à ce chapitre, chez les moins de 25 ans. «Le gouverneur du Colorado estime qu’on y est arrivé grâce à des campagnes de sensibilisation robustes, en donnant de l’information, en expliquant les risques et surtout, en ne banalisant pas cette substance-là» , de dire Joël Lightbound, ajoutant que son gouvernement entend, de la même façon, privilégier une approche de santé publique.
Une position pragmatique
À cet effet, le Dr Éric Goyer a rappelé que la position de l’ensemble des Directions de la santé publique (DSP), au Québec, penchait plutôt en faveur du projet de loi fédéral. Pas qu’on soit pour la consommation du cannabis, dont on reconnaît qu’il comporte des risques pour la santé (problèmes respiratoires, psychoses, dépression, troubles de l’humeur, bébés de petit poids, problèmes moteurs, effets sur le développement du cerveau chez les 20 à 25 ans, notamment), mais le caractère illégal du produit entraîne toutes sortes de complications dans l’évaluation des problèmes de santé et la protection des patients. Quelqu’un qui consomme du cannabis ne l’avouera pas nécessairement à son médecin, par exemple.
Celui-ci a d’ailleurs fait remarquer que la région des Laurentides enregistrait le plus haut taux de consommation chez les jeunes, pour l’ensemble du Québec. «Notre position est pragmatique, de dire le Dr Goyer. Nous constatons que la prohibition ne fonctionne pas.»
Or, les DSP souhaitent qu’on livre une meilleure information à la population en général, qu’on s’efforce de prévenir et de retarder l’initiation au cannabis chez les jeunes, qu’on assure un usage sécuritaire et qu’on bonifie les services dispensés aux jeunes qui ont des problèmes de consommation.
Des questions
Globalement, tout se tient, semble-t-il, mais puisque le diable est dans les détails, on a beaucoup questionné les trois panellistes, par exemple sur l’âge légal pour consommer du cannabis, le prix de vente du produit légal (qui s’annonce supérieur à celui du marché noir), la surveillance des cultures domestiques (déjà rejetées par le gouvernement du Québec), la problématique de la consommation en milieu de travail, bref, il y a encore beaucoup de travail à faire, d’autant plus qu’il appartiendra aux provinces de légiférer sur plusieurs aspects touchant sa juridiction, au moment où la loi sera adoptée.
À cet effet, on apprenait, mercredi soir, que le gouvernement du Québec déposerait son projet de loi dès cet automne.
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