Peu au courant de ce qui se passait vraiment, Pascal Quevillon, un natif d’Oka de quatrième génération, était un étudiant âgé de 16 ans et s’était déniché, cet été-là, un boulot comme paysagiste. À la fin de sa journée de travail, ce 11 juillet, il allait constater de ce qui venait de se passer.
«À 16 ans, on s’informe moins de ce qui se passe au niveau politique, des enjeux. Ce n’est qu’avec l’apparition de la barricade que j’ai vu qu’il se passait quelque chose de gros. Puis, la Sûreté du Québec est arrivée… », se rappelle celui qui a été élu maire d’Oka une première fois en mars 2014 à la faveur d’une élection partielle.
«Je dois dire que cela a , à l’époque, chamboulé mes valeurs au niveau du respect des règles, des lois. On voyait des voitures de police à l’envers et abîmées. J’ai été très très étonné de voir cela et qu’on laissait faire cela». d’indiquer M. Quevillon qui rappelle que la politique est plutôt arrivée «comme un surprise» dans sa vie.
«Je me suis intéressé au dossier de l’usine de filtration et on m’a alors incité à aller en politique. Je suis quelqu’un qui aime les défis et j’aime ma municipalité. Ce n’est pas toujours facile, entre autres de satisfaire tout le monde, mais je ne regrette rien», de dire Pascal Quevillon, ajoutant que le fait d’avoir vécu la crise d’Oka l’aide, à un certain point, à «prendre [aujourd’hui] certaines décisions, certaines positions».
Serge Otsi Simon se souvient également
Pour sa part, Serge Otsi Simon était âgé de 29 ans et résidait, avec sa femme et sa jeune fille de 4 ans, dans le village, à quelques centaines de pieds de la fameuse barricade. La veille du 11 juillet, en soirée, celui qui était alors soudeur en structure d’acier se rappelle que le désormais célèbre Lasagne, s’attendant le lendemain à une possible intervention policière, l’avait invité à se munir d’une arme et à joindre en haut son groupe. Le futur grand chef a d’abord pensé à sa famille et a décliné l’invitation.
Tôt le matin du 11 juillet, il constate, en allant se cherche un café au casse-croûte près de chez lui, une certaine agitation policière au bas de la côte. Il craint alors le pire quand un journaliste l’interpelle.
«Il voulait savoir s’il était possible de monter en haut. J’ai dit oui. Il y avait un petit sentier qui permettait de passer par le club de golf. Un autre journaliste et son caméraman se sont joints à nous. On s’est faufilé jusqu’en haut et j’ai prévenu les journalistes qu’il fallait être prudent. Quand on est arrivé au terrain de crosse, on a senti le gaz lacrymogène et on a vu des Mohawks courir. C’est là qu’on a entendu deux ou trois coups de feu, puis la fusillade. Ç’a duré une vingtaine de secondes. On a vu les policiers de la SQ retraiter en laissant leurs véhicules. C’était surréel», de relater Serge Otsi Simon qui ne s’est pas mêlé du conflit proprement dit par après.
«Je crois que les Mohawks n’avaient pas grand choix face à l’expansion d’un club de golf privé, sans même nous en parler», d’indiquer celui qui a décidé de devenir grand chef, et cela depuis 2011, parce qu’il croit que les Mohawks de Kanesatake ont droit à un meilleur avenir économique et social, à une meilleure compréhension de ce qu’ils sont.
«Je crois que la crise d’Oka a teinté mon sort. Je ne voulais pas en vivre une autre. Et si on se comprend un peu plus, on va en éviter une autre. Mais j’ai toujours peur, ça peut se déclencher à tout moment pour une quelconque raison», de conclure le grand chef mohawk qui croit qu’il est possible de rétablir le calme et la stabilité dans sa communauté avec un corps policier indépendant.
Mais, ça, c’est autre histoire dont seront certainement partie prenante le maire Pascal Quevillon et le grand chef Serge Otsi Simon.
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