La file d’engins agricoles allait à perte de vu. De l’entrée du rang St-Joachim par la route 148 jusqu’à beaucoup plus loin, c’était rempli. Et c’était sans compter les semi-remorques et véhicules participants également au convoi. « Le gouvernement prône l’autosuffisance alimentaire, mais nous, on a de la misère à arriver nous-même », lance un agriculteur avant le départ.
Ils venaient de partout dans la région : Mirabel, Lachute, Sainte-Anne-des-Plaines, Oka, Saint-Joseph-du-Lac, etc. Des milieux et des productions différents, mais avec la même demande.
« Ça prend une réforme au niveau provincial. Il y a plein de choses qui ne fonctionnent pas. Toute la paperasse entre autres », affirme Marcel Denis, président du volet local de l’UPA. Selon lui, il y a beaucoup à faire pour aider le milieu, dont alléger la documentation à remplir pour chaque nouveau programme que le ministère met en place. « Moi, je suis en fin de carrière. Ce qu’on fait aujourd’hui, ça ne me rapportera rien sur mon rapport d’impôts. La relève, c’est eux qui vont le ressentir le plus. »
« On a de bonnes discussions avec le ministre Lamontagne, on comprend tout ça. Sauf que c’est beau les discussions, mais après ça, quel est le résultat ? », ajoute M. Denis.
Des agriculteurs motivés
Nombre d’entre eux étaient prêts à prendre la parole et énoncer leurs enjeux. « On pense à notre relève. Si nous on a de la misère, c’est quoi l’avenir de demain ? », mentionne Julie Fillion, agricultrice pour la Ferme Filiking à St-Hermas. Ses trois enfants reprennent tranquillement la place sur la ferme laitière. Mais elle doit avoir un autre emploi pour permettre le maintien de l’entreprise familiale. « J’ai une deuxième entreprise. J’ai dû avoir autre chose à côté pour m’assurer que tout le monde ait un salaire », mentionne-t-elle avant d’ajouter : « C’est une réalité. On n’a plus le choix. »
Ils étaient ainsi nombreux à mentionner la passion pour ce métier pas comme les autres. Mais ils étaient tout aussi nombreux à dire que les revenus qui s’en dégagent ne sont pas suffisants face à tout ce qui doit être fait, mais également face à l’augmentation des coûts.
Un ancien agriculteur, Marcel Cardinal, regardait le convoi partir avec fierté. L’un de ses fils, également vice-président du volet local de l’UPA, Christian, était à la tête. « C’est une passion pour moi, même encore aujourd’hui », souligne-t-il même s’il ne travaille plus la terre comme avant.
Le parcours
Le premier point de rassemblement se tenait vers 9 h 30 à St-Janvier, aux abords de l’autoroute 15. Ils se sont ensuite joints à de nombreux autres agriculteurs qui les attendaient sur le rang St-Joachim dans le secteur de St-Benoit.
L’ensemble du trajet s’est fait dans le calme et selon les consignes données par les policiers présents, chacun roulant à une vitesse moyenne de 25 km/h. Les agriculteurs se sont présentés au Centropolis à Laval vers 11 h 45. Ils ont également été vus sur le chemin du retour à Saint-Eustache vers 15 h 30.
« On fait la même chose la semaine prochaine à Gatineau », confirme David Landry, conseiller aux communications à l’UPA Outaouais-Laurentides. Une manifestation a également eu lieu à Saint-Hyacinthe vendredi dernier, preuve que l’ensemble de ces travailleurs veulent faire entendre leur message.
Depuis le convoi, de nombreuses vidéos affluent sur les réseaux sociaux, les citoyens se demandant la raison de ce convoi. Des pancartes présentes sur les engins agricoles telles que « Notre fin sera votre faim », « Agriculteur, une espèce en péril » et bien d’autres attireront certainement leur attention sur l’enjeu qui se joue actuellement.
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