Leur convention collective étant échue depuis plus de deux ans, les travailleurs du milieu préhospitalier sont allés à la limite de ce que la loi sur les services essentiels leur permettait, depuis le début du conflit, au niveau de l’étendue de leurs moyens de pression. Toutefois, s’ils doivent en faire plus, ils n’hésiteront pas à en faire davantage, sans toutefois, a-t-on tenu à rappeler, affecter les services à la population.
«À titre d’exemple, a indiqué Dany Lacasse, quand nos paramédics feront des transports inter-hôpitaux, il se pourrait bien qu’ils n’aillent plus chercher les patients sur les étages. Ils iront les chercher à l’urgence et les ramèneront à l’urgence, ce qui créera une pression sur l’établissement.»
Dans les Laurentides, les quelque 260 membres du SPLL (Services préhospitaliers Laurentides-Lanaudière) réunis en assemblée générale, les 18 et 19 juillet, ont donné le mandat clair à l’exécutif de leur syndicat d’aller en ce sens.
«91,1 % d’entre eux ont voté pour l’arrêt de la grève et, lors d’un 2e vote, 100 % de nos membres ont voté pour qu’on la reprenne en se donnant plus de moyens de pression», a confirmé Yan Bonhomme, président du syndicat du SPLL.
Diminution des temps de réponse
Comme dans toute convention collective, les augmentations salariales et le régime de retraite sont au cœur des demandes des travailleurs, mais ceux-ci souhaitent également régler les problématiques relatives à leurs horaires de travail.
«Certains types d’horaire, a expliqué M. Lacasse, demandent aux gens de rester à la maison et d’être de garde 24 heures sur 24 sur une période de 7 jours, ce qui crée des temps réponse allongés. On pratique ce métier parce qu’on veut sauver des vies. S’il y a une problématique de temps, ça devient frustrant. C’est donc là-dessus que la population est gagnante dans nos batailles.»
Dany Lacasse a également parlé du manque de véhicules ambulanciers pour expliquer les délais d’attente qui surviennent à l’occasion.
«La population a changé depuis quelques années, a-t-il insisté. De 2010 à aujourd’hui, juste ici dans les régions des Laurentides et Lanaudière, de plus en plus de personnes sont venues s’y installer. La population grandit et vieillit, les besoins augmentent, mais le nombre d’ambulances reste le même».
Entre les mains de l’employeur
Pour que le conflit qui perdure depuis maintenant quatre mois se règle, il faudra, selon Dany Lacasse, que les employeurs mettent un peu d’eau dans leur vin. Il a bien tenté de communiquer avec le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, et avec les dirigeants des différents centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) de la province, mais chaque fois, on l’a redirigé vers ceux et celles qui gèrent les entreprises de services ambulanciers.
«Le ministère a décidé que cette fois-ci, nous ne négocierions plus avec lui, mais avec les propriétaires de nos entreprises privées. Ceux-ci nous répondent qu’ils ne peuvent pas négocier le côté monétaire, car leurs subventions gouvernementales ont été coupées», de dire Dany Lacasse insistant sur le fait que ce sont ses membres qui paieront les frais de cette décision.
«Les propriétaires d’ambulances disent qu’ils veulent garder leurs profits et veulent donc couper dans nos conditions de travail tandis que le gouvernement leur dit de piger dans leurs profits. C’est pour ça que c’est long. Ce n’est pas vrai qu’on va couper dans les conditions de travail des travailleurs qui se sont battus depuis des années, sans améliorer le service à la population.»
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