Le sujet chaud a quelque peu fait monter la pression sur les candidats de la Coalition Avenir Québec (CAQ), Lucie Lecours, de Québec solidaire (QS), Kevin St-Jean, et du Parti québécois (PQ), Marc-Olivier Leblanc, qui ont consciencieusement répondu aux questions d’une salle remplie de producteurs locaux. Les questions insistantes sur ce dossier se résumaient en une seule: «Si vous êtes élu le 1er octobre, allez-vous renverser la décision de la Ville de Mirabel de construire la future gare en zone agricole?».
La réponse du candidat péquiste Marc-Olivier Leblanc a bien dégagé la position commune des trois candidats, qui se sont tous gardés de s’engager à faire échec au projet: « Je ne vous dirai pas de bullshit; les plans sont déjà lancés… on va vous épauler pour que [la gare et son stationnement] ne prennent pas d’expansion. »
La soirée, initiée par l’Union des producteurs agricoles (UPA) Basses-Laurentides, s’est par ailleurs déroulée dans une ambiance décontractée et conviviale. Les candidats ont d’abord disposé tour à tour de quelques minutes pour se présenter et pour exposer leur vision et leurs engagements en matière d’agriculture. L’environnement, l’investissement dans le secteur agricole, la taxation foncière, la relève agricole et l’augmentation du salaire minimum étaient les sujets à l’ordre du jour. Une période de questions a permis ensuite des échanges avec la salle.
Milieux naturels et humides
La question de la protection des milieux naturels (milieux humides, boisés, cours d’eau) a inspiré plusieurs questions. Des producteurs ont notamment déploré un cadre législatif et réglementaire mal adapté à leur réalité, l’approche coercitive du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques et le manque de communication entre ce ministère et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.
Au sujet des milieux humides, le candidat solidaire Kevin St-Jean a affirmé que son parti voulait «les protéger encore plus, on n’y touche absolument pas». M. St-Jean a cependant souligné l’intention de Québec solidaire de bonifier l’expertise et les ressources gouvernementales pour accompagner les producteurs dans l’adaptation de leurs pratiques.
«Il est temps qu’on travaille ensemble», en matière d’environnement comme en toute matière, a affirmé Lucie Lecours, candidate caquiste. «Je constate qu’on travaille en silos. Je vois l’appareil gouvernemental comme une entreprise, je veux m’assurer que vous soyez satisfaits des services» offerts par le gouvernement.
«On demande aux agriculteurs d’être partenaires [pour la conservation] des milieux naturels, mais ils ne sont pas compensés. Il faut s’asseoir avec les municipalités et les agriculteurs et voir les compensations possibles», a affirmé le péquiste Marc-Olivier Leblanc.
Étalement urbain et protection du territoire agricole
La question de l’étalement urbain et de la protection du territoire agricole a également pris une place importante dans les échanges.
«Il n’est pas question d’élargir ou de prolonger des autoroutes si ce n’est pas justifié par une question de sécurité», a fait valoir le candidat de QS, qui a exprimé l’intention de son parti de mettre en place un moratoire sur l’étalement urbain et de favoriser la densification urbaine.
«Le problème est comment l’étalement urbain se fait. Cela doit se faire en respectant les terres agricoles», a répondu la candidate de la CAQ. Mme Lecours s’est dite favorable au prolongement de l’autoroute 19 et de l’autoroute 13, tout en activant le développement du transport collectif. Le candidat péquiste a exprimé une position similaire, mais a noté l’opposition de son parti au prolongement de l’autoroute 13.
Les trois candidats se sont montrés favorables à un renforcement de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles.
En matière de taxation foncière, trois solutions différentes ont été proposées. Mme Lecours a avancé l’idée d’un taux de taxation agricole distinct 75 % inférieur aux taux applicables dans les autres secteurs. M. St-Jean a plaidé en faveur de l’abolition de la taxation foncière actuelle pour la remplacer par un transfert de point d’impôt sur le revenu, pour casser l’impact de l’augmentation de la valeur des terres sur le fardeau fiscal des entreprises agricoles. M. Leblanc a mentionné l’intention du PQ de déplafonner le Programme de crédit de taxes foncières agricoles, jusqu’à ce qu’une solution durable soit identifiée.
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