L’administration de la société Aéroports de Montréal (ADM) a pris la décision d’augmenter drastiquement les coûts des écoles de pilotes francophones de Mirabel. Ce qui remet en question leur survie, mais aussi les intentions réelles des dirigeants du milieu de l’aviation. Pour le député bloquiste de Mirabel, Jean-Denis Garon, la situation est inacceptable et doit être corrigée le plus rapidement possible.
Une grande part des pilotes francophones du Québec et du Canada sont formés à Mirabel. Toutefois, même si l’impact des écoles mirabelloises dans la formation des pilotes n’est pas négligeable, ADM va dorénavant exiger un prix de 65$ par atterrissage aux écoles qui forment leurs élèves à Mirabel. Ainsi, comme l’atterrissage est l’une des manœuvres les plus pratiquées et les plus courantes enseignées dans les cours, le prix que devront payer les différentes écoles à ADM passera d’environ 540$ à 38 000$ par année.
« Mirabel n’a pas l’air de compter pour Aéroports de Montréal, qui semble se préoccuper de façon constante et persistante du développement de Dorval, alors que Mirabel est sans cesse oublié. Là on est passé de l’oublie à l’attaque. C’est encore plus grave que c’était », s’est indigné M. Garon.
Le député souligne que le domaine de l’aviation a suffisamment souffert pendant la pandémie et que cette couche supplémentaire est l’insulte à l’injure.
La possible fermeture de ces écoles serait catastrophique pour la région, certes, mais signifierait aussi la fin d’un amas de possibilités pour la relève francophone dans le monde de l’aviation. Le bloquiste explique que les écoles mirabelloises font un travail colossal avec le peu de moyens et de reconnaissances dont ils disposent de la part d’ADM : « On a des écoles de pilotage qui sont fantastiques et reconnues, qui attirent même des étrangers qui viennent apprendre à piloter en français. On parle de gens qui viennent ici, qui apprennent à vivre, dépenser, travailler et piloter ici. »
Un problème politique
Avec un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de dollars, Aéroports de Montréal doit trouver des solutions pour redresser le navire et ce sont les écoles francophones qui écopent et qui doivent payer le prix, ce qui représente un grave problème politique, soulève M. Garon : « Le dossier de l’Aéroport de Mirabel est politique depuis le début. Ça a changé la structure de notre économie, ça a changé la vie des gens, la vie des familles, l’évolution de notre écosystème économique. »
Le PDG d’ADM, Philippe Rainville, a justifié la décision de la société avec des explications qui ont happé le député de Mirabel. D’une part, M. Rainville dit que la société charge le prix du marché. Toutefois, M. Garon, économiste de formation, rappelle qu’il s’agit d’une société de la Couronne et que la Couronne n’est pas le marché. Puis, le député se demande aussi pourquoi il faut absolument prendre à la gorge les entreprises francophones mirabelloises, si à Vancouver, on charge seulement 20% du prix aux écoles de pilotage, étant donné que les institutions reconnaissent leur apport à l’économie, la société et la communauté.
« C’est une société de la Couronne et avec l’histoire de l’aéroport de Mirabel, M. Rainville doit comprendre qu’il s’agit d’un dossier hautement politique qui a un impact sur le quotidien des gens du comté et je n’ai pas l’intention de lâcher ça. »
Un milieu propice
M. Garon trouve la situation d’autant plus absurde considérant tout le secteur de l’aviation qui est en place à Mirabel. Le gouvernement se vante de pouvoir compter sur des fleurons comme Airbus, Bombardier et Bell Helicopter, mais il se contentera aussi de laisser mourir des écoles de pilotage. Cette logique est incompréhensible selon le bloquiste.
« Je voudrais que M. Rainville prenne du recul, qu’il réfléchisse à la décision qu’il a prise et qu’il reconnaisse que même si ça ne lui plaît pas de gérer l’aéroport de Mirabel, il doit le gérer en connaissance des conséquences de ses actes », a déclaré M. Garon.
Il souhaite aussi que les ministres agissent et mettent de la pression sur ADM dans l’optique de ramener à l’ordre la société et faire en sorte que les Mirabellois n’écopent pas, encore une fois.
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